Manger : v. tr. Manger, c’est avaler pour se nourrir (un aliment solide ou consistant) après avoir mâché.
– Manger beaucoup ou abondamment : Bâfrer, bouffer (à en crever), se bourrer, se caler les amygdales/les babines/les badigoinces/les côtes/les joues, se les / se la caler, s’empiffrer, se faire péter la sous-ventrière ; se farcir le chou/la panse, s’en fourrer jusque là, s’en foutre plein la lampe, s’ne jeter s’en mettre derrière la cravate, s’en mettre jusqu’au menton, jusque là, s’en mettre plein le fusil, plein la lampe, plein la panse, se goinfrer, gueuletonner, morphaler, prendre/se mettre une bonne ventrée, se remplir le bide/ le buffet, se taper le chou, se taper la cloche, manger comme quatre, comme un ogre.
Manger comme un crevé : être goulu.
S’entripailler.
Fripper (ou friper) : manger goulûment.
Manger à s’en faire péter le péritoine : manger goulûment.
Se mettre quelque chose sur la conscience : beaucoup manger.
Manger comme un ogre : manger beaucoup, avec avidité.
Manger comme un chancre : manger excessivement
Manger à sec : repas sans vin, sans alcool.
Se gaver : manger beaucoup ; se griser
Se la sonner : bien manger, bien dîner.
Régaler ou soigner son cochon : manger beaucoup ; bien vivre, se régaler ; s’offrir à boire.
Manger comme un loup : manger voracement
Manger comme six.
Manger à sec : repas sans vin, sans alcool.
Bouffer comme un pape.
Se taper la tête : bien manger, s’enivrer, beaucoup manger.
S’en coller plein la lampe.
S’en foutre au ras des dents.
S’en foutre plein le burlingue.
Faire poker ses gencives.
S’en foutre jusque derrière la cravate.
Bouffer comme un chancre.
S’en faire péter le ventre ; manger à s’en faire péter le ventre.
S’en foutre jusque-là.
Manger comme quatre : manger, beaucoup, énormément, en grande quantité.
Morphaler : manger beaucoup.
Se refaire le chyle : bien manger.
Se garnir la paillasse : bien manger
Estomaquer : manger beaucoup.
– Manger peu ou pas : Manger sans appétit, comme un oiseau, du bout des dents. Chipoter, grignoter, picorer, pignocher. Se passer de manger. Se priver de manger
Faire trimer le battant : ne rien manger, jeûner.
Dîner d’un cure-dent : Ne pas manger, jeûner.
Manger du bout des dents : Peu, contraint, sans envie : manger sans grand appétit.
La fumer : Ne pas manger.
Croquer les rats : Ne rien avoir à manger, être misérable.
Se serrer la boucle : Ne rien avoir à manger, se priver de manger, se priver.
Pendre ses dents au crochet : ne rien avoir à manger.
Bouffer du vent : ne rien avoir à manger.
Bouffer / becqueter des clarinettes : être au pain sec, jeûner, se passer de manger.
Claquer les dominos dans le vide : Ne rien avoir à manger.
Casser le ventre : ne pas laisser manger quelqu’un.
Dîner par cœur (ou passer à l’as) : jeûner ; ne rien avoir à manger.
Jouer du fifre : Jeûner, ne pas manger, être privé de nourriture, se priver de nourriture.
Se serrer le ventre : Jeûner, être privé de nourriture, se priver de manger, se priver.
Bouder sur le mastic : n’avoir pas faim, manger difficilement ; manger du bout des dents.
Avoir les dents gelées : ne pas manger.
Ce coller des briquets : ne rien avoir à manger.
Se taper sur la caisse : ne rien avoir à manger.
Croûter du zeph : ne rien manger.
Passer au travers : jeûner, ne pas manger.
Se taper sur la lanterne : ne rien avoir à manger.
– Locutions avec « manger » :
Il y a à boire et à manger : se dit d’un liquide, vin, bouillon, café, etc., trouble et épais.
Au sens figuré : se dit d’une question qui présente deux sens, d’une affaire qui peut réussir ou ne pas réussir, d’un ouvrage où il y a du bon et du mauvais.
Manger à table qui recule : partir sans avoir manger.
On en mangerait ! : C’est appétissant, attrayant.
Manger le pain hardi : être domestique.
Manger son blé en herbe, son pain blanc.
Manger son pain blanc le premier, dépenser sans compter avec la misère à venir.
Manger son pain blanc le premier : s’amuser avant de travailler. Se donner du bon temps dans sa jeunesse et vivre misérablement dans sa vieillesse.
Je ne mange pas de ce pain-là : je ne fais pas ce genre de chose, de travail
Manger le morceau : avouer, parler, se mettre à table.
Manger le morceau : dénoncer ; trahir un secret ; ébruiter trop tôt une affaire, dans l’argot du peuple. Dénoncer ses complices, ou avouer ses méfaits (Argot des voleurs). Aveux faits par un voleur qui fait connaître ses complices.
Manger le morceau : manger le mot d’ordre. Ne plus se le rappeler (argot des troupiers).
Avoir mangé du singe : se dit de celui qui est de mauvaise humeur et qui ne tient pas en place.
Avoir mangé ses pieds : puer de la bouche (argot des faubouriens).
Manger son chapeau : mourir.
Se laisser manger la laine sur le dos : se laisser exploiter, voler, sans réagir.
Être bête à manger du foin : être inintelligent.
Manger la soupe sur la tête de quelqu’un : le dépasser en taille.
Se manger, se manger le nez : se disputer vivement de très près, se menacer d’en venir aux mains.
Manger sur l’orgue : dénoncer ses pratiques ou complices.
Manger de la vache enragée : être misérable, en être réduit à de dures privations.
Manger de la vache enragée : pâtir beaucoup ; souffrir du froid, de la soif et de la faim ; n’avoir ni sou qui vaille, ni feu ni lieu ; vivre dans la misère en attendant la richesse, dans le chagrin en attendant le bonheur.
Avoir mangé du lion/du cheval aujourd’hui : se dit à une personne faisant preuve d’une énergie inhabituelle.
Ça ne mange pas de pain ! : ça ne coûte pas un gros effort (pour faire quelque chose), ça n’engage à rien.
Manger dans la main de quelqu’un : lui être soumis, comme un animal apprivoisé.
Manger sur le pouce : manger à la hâte, manger rapidement, sommairement, frugalement, sans cérémonie (voir ci-après l’origine de cette expression).
Manger avec un lance-pierre : très rapidement.
En Suisse, manger la moindre, c’est se faire un casse-croûte rapide.
Manger comme un cochon : salement, avec ses doigts.
Manger son blé en herbe : être imprévoyant.
Manger son chapeau : changer radicalement d’opinion, retourner sa veste.
Manger la grenouille : partir avec la caisse, dépenser des sommes dont on n’est que le dépositaire.
Se manger un coup : se prendre un coup.
Se manger quelqu’un : se faire quelqu’un, le frapper.
Manger une peine : faire de la prison.
Manger du plomb : être tué par balle.
Manger cinq piges : en pendre pour cinq ans (de prison).
En manger : vivre illicitement. Pour un policier : être corrompu.
Manger du pain et du fromage : repas de funérailles. C’est une ancienne coutume quand on enterre un camarade, on mange du pain et du fromage.
Manger du fromage : être mécontent ; avoir de la peine à se débarbouiller de ses soucis.
Manger jusqu’à la chemise de (quelque chose) : tout faire dépenser à quelqu’un.
Manger l’herbe par la racine, être mort depuis longtemps.
Manger ses mots : parler vite et d’une manière incompréhensible.
Manger la consigne : oublier un ordre qu’on vous a donné.
Avoir mangé la bouillie avec un sabre : avoir une très, grande bouche.
Se manger les sangs : s’inquiéter.
Se manger les pouces : s’impatienter.
Manger à tous les râteliers : accepter de tous les côtés, sans scrupules.
Manger le nez (se) : se battre avec acharnement.
Se manger les sens : s’impatienter, se mettre en colère (argot des bourgeois).
Manger son steak : se taire (argot des faubouriens).
Manger du blanc : vivre de la prostitution ; se faire entretenir par une femme.
Manger le poulet, partager un pot de vin, partager un bénéfice illicite (argot des ouvriers).
Manger un lapin : enterrer un camarade.
Manger sa légitime : dissiper (son bien), se ruiner.
Manger du pain de Judée : trahir, moucharder.
Manger du pain de la nation : Être en prison.
Jules : travailler pour Jules : manger.
Ne pas manger de ce pain-là : se refuser à faire une chose que l’on croit malhonnête, malgré le profit qu’on en pourrait retirer ; répugner à certains métiers.
Ne pas manger quelqu’un : ne pas faire de mal à quelqu’un, pour dire de ne pas avoir peur : On ne va pas te manger ! ou Ils ne nous mangeront pas !
Manger du lion / du cheval : être en pleine forme, enthousiaste, actif, dynamique.
Manger de la misère, manger de la prison, subir la misère, la prison.
Manger le bon Dieu : communier.
Se manger le blanc des yeux : se dit de deux personnes qui se regardent avec colère, comme prêtes à se jeter l’une sur l’autre et à se dévorer.
Manger la grenouille : Se dit en général de tous ceux qui mangent l’argent qui ne leur appartient pas.
Manger la laine sur le dos de quelqu’un, vivre aux dépens de quelqu’un, le ruiner sans le faire crier.
Manger la laine sur le dos de quelqu’un : le tromper, et même le voler, sans qu’il proteste ou s’en aperçoive.
Ne pas manger la chandelle : n’avoir rien contre soi qu’on puisse reprocher.
Manger du sucre : recevoir des applaudissements (argot des comédiens).
Manger du drap : jouer au billard.
Manger (se/en) : se battre.
Manger du pavé : chercher de l’ouvrage et n’en jamais trouver (argot des ouvriers).
Manger : faire, commettre (des actes délictueux), avouer, dénoncer.
Manger : oublier quelque chose (manger la commission).
Les loups ne se mangent pas entre eux : les gens malhonnêtes ne se nuisent pas.
Manger : être corrompu, être acheté.
Manger quelqu’un : attraper, surprendre, battre quelqu’un.
Manger ses bas (ou sa chemise) (Québec) : s’inquiéter, paniquer.
En manger une : se prendre un coup dans la figure.
Manger dans la main de quelqu’un : être totalement soumis, être obéissant, ne pas résister.
Manger dans la main : prendre des familiarités excessives, abuser des bontés de quelqu’un.
Manger dans la main, être très familier, ne pas observer les distances sociales.
Manger sur l’orgue : dénoncer ses pratiques ou complices.
Manger à la Judée : faire partie de la police.
Manger sa paillasse : prier au pied de son lit.
En manger / en faire voir des vertes et des pas mûres : être sévère, dur ; souffrir ; supporter des choses surprenantes ; quelque chose de désagréable, d’amer.
Manger sur nous : nous dénoncer.
Manger des briques : ne rien avoir à manger, c’est bouffer des briques à la sauce cailloux.
Manger de la merde : être dans le dénuement le plus profond, être abreuvé de souffrances physiques et morales.
Manger de la merde : souffrir de toutes les misères et de toutes les humiliations connues ; en être réduit comme l’escarbot, à se nourrir des immondices trouvées sur la voie publique.
Manger du bœuf : être pauvre (argot des ouvriers).
Manger du pain rouge, dépenser l’argent provenant d’un assassinat.
Manger du pain rouge : vivre d’assassinats impunis.
Manger la botte : faire à une femme une cour assidue sans parvenir à un résultat.
Manger le fruit d’une femme : faire un cunnilingus.
Manger la soupe à la quéquette : C’est à la suite de cela qu’arrivent les bébés.
En manger : se compromettre, se prostituer (homosexualité), participer.
Manger l’anguille sans la sauce : retirer vivement la pine d’un homme au moment où il va décharger, afin de n’avoir pas d’enfants.
En manger du pain de fesse : vivre de la prostitution.
Manger le gibier, faire sauter l’anse du panier de la prostitution (jargon des souteneurs).
Manger le gibier : ne rien exiger des hommes, ou ne pas rapporter intégralement l’argent qu’ils ont donné (argot des souteneurs).
Manger de la chair crue : faire l’amour.
Au Québec et au Nouveau-Brunswick, manger et se faire manger sont des expressions souvent utilisées pour désigner la fellation ou le cunnilingus.
Si votre imagination vous a permis de bien voir ce geste autrefois commun, alors vous venez de comprendre l’origine de cette expression, effectivement associée à une consommation rapide de la nourriture !
Citation de l’humoriste français Raymond Devos (1922-2006) : « Lorsque les gens mangent, ils en profitent pour alimenter la conversation ».