Grignoter : v. tr. (mot venant de « grignon », morceau du pain du côté où il est le plus cuit et croustillant).
Manger en rongeant.
Manger très peu, du bout des dents (chipoter).
Grignoter entre les repas.
Manger quelque chose petit à petit, lentement, en rongeant : Grignoter un biscuit. Souris qui grignote un fromage.
Grignoter la houppette : importuner fortement.
Détruire peu à peu, lentement : Grignoter son capital.
Faire de maigres profits, et surtout des profits illicites.
Au milieu du XVIe siècle, grignon, dérivé de grigner qui a donné grignoter, désignait régionalement un morceau de pain (tout comme quignon qui est étymologiquement lié).
Et gringue, substantif dérivé de grignon, était synonyme de pain, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
C’est au tout début du XXe siècle, chez Aristide Bruant, qu’on trouve le mot gringue « faire la cour, généralement de manière pressante » dix ans plus tard.
Tout esprit un tant soit peu éveillé se demandera in petto comment on a pu ainsi passer du pain à la cour.
La seule réponse, apportée par Gaston Esnault, mais hélas sans aucune certitude, viendrait d’un rapprochement avec l’ancienne locution faire des petits pains pour quelqu’un qui a d’abord voulu dire « faire l’aimable pour appâter » puis par extension « faire la cour ».
– Citation de l’écrivain français Jacky Schwartzmann dans son roman Shit paru aux éditions du Seuil en 2023 : « Une demi-heure plus tard nous voila installés sur son balcon; deux chaises et une table ronde minuscule, une bouteille de vin rouge espagnol pas terrible, du jambon espagnol pas terrible et tout un tas de petits trucs pas terribles à grignoter ».