Prise : n.f. (mot venant de prendre).
Le mot « prise » a de très nombreuses acceptions :
A. Pour tenir :
1. Littérature : Action, manière de prendre quelque chose pour tenir (préhension).
L’énergie de sa prise.
Spécialement et sens courant : Manière de saisir et d’immobiliser l’adversaire.
Prise de catch, de judo.
– Citation de l’écrivain, scénariste et homme politique espagnol Jorge Semprún Maura (1923-2011) : « Il va essayer de m’attirer à lui, de me faire une prise pour me déséquilibrer ».
Sens figuré : prise de bec : altercation, dispute.
– Citation de l’écrivaine française Christiane Rochefort (1917-1998) : « Toutes les occasions étaient bonnes pour des prises de bec ».
Avoir une prise de bec avec quelqu’un.
Être aux prises avec : se battre avec.
Être aux prises avec quelqu’un.
Sens figuré : Être en lutte contre.
Se trouver aux prises avec des difficultés (Être en butte à).
Sens familier et concret : Il est aux prises avec l’imprimante.
Mettre aux prises : faire s’affronter.
– Citation de l’écrivain français Pierre Loti (1850-1923) : « Il était très saisi de se sentir aux prises avec cette chose mystérieuse qui est le souvenir ».
Lâcher prise : cesser de tenir, de serrer.
– Citation du poète français Jean de la Fontaine (1621-1695) : « Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise ».
Faire lâcher prise à quelque un.
Sens figuré : Abandonner (lâcher-prise).
– Citation du romancier et éditeur d’art français Éric Reinhardt (1965) : « Enfin elle lâchait prise et […] elle se laissait sombrer au plus profond d’elle-même avec délectation.
Prise de tête.
2. Endroit, moyen par lequel une chose, une personne peut être prise.
Je n’ai pas de prise pour attraper, tenir cet outil.
« Ça glisse un peu entre les doigts, ça manque de prise » (Pennac).
Abstrait : « Qu’importe de paraître avoir moins de faiblesses qu’un autre, et donner aux hommes moins de prises sur vous ? » (Chamfort).
Spécialement : Endroit d’un rocher, d’une paroi où l’on peut se tenir, prendre un point d’appui.
Chercher une prise.
Bonne prise.
Locution : donner prise à. « ces bâtisses excessives donnaient de toute part prise à la bourrasque » (Hugo).
Sens figuré : « Je donne assez de prise à la malignité des hommes par mes récits » (Rousseau).
Avoir prise sur : avoir un moyen d’agir sur.
« Les gens qui n’eurent point de faiblesses sont terribles : on n’a point de prise sur eux » (France).
N’avoir aucune prise sur les évènements (influence).
B. Pour posséder (prendre) :
1. Action de s’emparer.
La prise de la Bastille.
La prise de Constantinople (conquête).
Prise d’otages (enlèvement).
La prise d’une pièce, d’un pion aux échecs, au jeu de dames.
Mettre (une pièce) en prise (aux échecs), dans une position où elle peut être prise par l’adversaire.
Droit maritime : Prise de navire, de cargaison : saisie d’un navire ou d’une cargaison (capture).
Droit : Prise de corps : le fait pour la justice de s’assurer de la personne d’un accusé.
Ordonnance de prise de corps.
2. Ce qui est pris (chasse, pêche, vol, confiscation) (butin).
Venez voir ma prise !
Les douaniers ont fait une belle prise.
II) Dans des locutions : prise de…, en prise
A. Action de commencer à utiliser, de prendre :
1. Prise d’armes : parade militaire en présence de soldats en armes pour une revue, une cérémonie.
2 . Prise d’habit, prise de voile : cérémonie par laquelle un (une) novice prend l’habit, le voile.
3. Prise de vue(s) : tournage d’un plan, entre le déclenchement de la caméra et son arrêt. Opérateur de prises de vue(s).
(Non qualifié) « Quand c’est possible, je ne fais qu’une seule prise » (J. Renoir).
Par extension : Prise de vue(s) photographique (anglicisme : shooting).
Prise de son : opération qui traduit le son en signaux électriques, pour le transmettre ou l’enregistrer. Prise de son d’un film pendant le tournage.
4. Prise de sang : prélèvement de sang pour l’analyse, la transfusion.
5 . Prise directe : position du changement de vitesse dans laquelle la transmission du mouvement moteur est directe. Mettre la prise directe.
En prise. Voiture qui a sa troisième vitesse en prise. Être en prise (opposé à être au point mort).
FIG. (1955) Être en prise (directe) sur la réalité, sur son temps, en contact direct et actif. L’art « est désormais un contact en prise directe » (Aymé).
B Dispositif qui « prend »
1. Prise d’eau : robinet, tuyau, vanne où l’on peut prendre de l’eau.
« Près d’elle, une prise d’eau, mal fermée, ruisselait et entretenait une mare » (Zola).
Barrage de prise.
Prise d’air.
2 . Prise de courant ou prise (électrique) : contacteur électrique ; chacune des deux parties du dispositif (bouton isolant portant deux fiches ou prise mâle ; socle isolant muni de deux douilles ou prise femelle).
Brancher une lampe sur la prise.
Prise d’antenne, de terre.
Prise péritel. Prise multiple : prise femelle à plusieurs douilles (multiprise ; régional : domino).
Prise de téléphone (conjoncteur).
C. Dose : Quantité de médicament administrée en une seule fois ; dose, pincée (de tabac) que l’on aspire par le nez (priser).
Prise de drogue.
« Parfois, maman aspirait une petite prise de tabac » (Duhamel).
III) Sens figuré : Action de se mettre à avoir, de prendre :
1. Prise de.
Prise de conscience.
Prise de possession.
Prise de position sur une question.
Prise de contact avec quelqu’un.
Prise de participation d’un groupe financier dans une société.
2. Prise en charge : action de prendre en charge qqn, d’assurer son entretien, ses dépenses.
Prise en charge d’un parent âgé.
Prise en charge d’un assuré par la Sécurité sociale.
Prix forfaitaire minimal de départ, au compteur d’un taxi.
3. Droit : Prise à partie : poursuite contre un juge, voie de recours extraordinaire portée devant une cour d’appel ou la Cour de cassation.
IV ) Le fait de durcir : Le fait de prendre.
Ciment à prise rapide (ciment prompt).