Renoncer : v.tr. (mot venant du latin juridique renuntiare « annoncer en réponse », de nuntius « messager »).
Le verbe « renoncer » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif indirect : Renoncer à
1. Cesser, par une décision volontaire, de prétendre (à quelque chose) et d’agir pour l’obtenir ; abandonner un droit (sur quelque chose).
Renoncer à un droit, à une succession (renonciation).
Droit : Renoncer à toute prétention.
Abandonner l’idée de.
Renoncer à un voyage.
Renoncer à un projet (enterrer, laisser, tirer un trait sur).
Renoncer momentanément à… (différer, remettre).
Suivi d’un infinitif : Renoncer à comprendre, à chercher.
– Citation de l’écrivain français Honoré de Balzac (1799-1850) : « Laid comme je suis, et pauvre, je dus renoncer à me marier ».
Renoncer à agir, à poursuivre une action (reculer, baisser les bras ; familier : laisser tomber).
J’y renonce ! c’est impossible !
Absolu : Il ne renoncera jamais (abandonner).
Il a renoncé un peu vite (capituler).
2. Abandonner volontairement (ce qu’on a) (se défaire, se dépouiller, se dessaisir, laisser, se priver).
Renoncer au pouvoir, à la couronne, au trône (abdiquer).
Renoncer aux honneurs.
Renoncer à une dignité, à une fonction (se démettre, se désister).
Renoncer à un bien tangible pour une illusion (Lâcher la proie pour l’ombre).
Renoncer au bonheur.
– Citation de l’écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme ».
Renoncer à une opinion, à une croyance (abjurer), à ses prétentions.
Il ne veut pas renoncer à son idée (démordre -de-).
Suivi d’un infinitif : Cesser volontairement de.
Renoncer à fréquenter qqn.
Cesser de pratiquer, d’exercer.
Renoncer à un métier, à un travail (quitter).
Sportif qui renonce à la compétition (abandonner, arrêter ; raccrocher les gants, les crampons).
Renoncer à la lutte, au combat : poser les armes ; sens figuré : se résigner.
– Citation de l’écrivain français Romain Rolland (1866-1944), prix Nobel de littérature en 1915 : « Pour être indépendant, il faudrait renoncer à la vie de société, et aux amitiés même ».
Cesser d’avoir, d’employer (délaisser, perdre).
Renoncer à une habitude.
Renoncer au tabac, à l’alcool.
3. Religion, morale, mystique : Cesser d’être attaché (aux choses de ce monde) (se détacher de).
Renoncer au monde pour entrer en religion.
Locution (allusion à la formule du baptême) : Renoncer à Satan (*), à ses pompes et à ses œuvres, au péché et aux occasions de pécher.
(*) Le nom « satan » apparaît d’abord dans la Bible hébraïque, en hébreu שָׂטָן (śāṭān).La signification de la racine ŚṬN ne peut être déterminée qu’à partir de ses occurrences dans le texte biblique. Son sens semble être « être un adversaire » ou « accuser », avec la nuance de « diffamer ». Des tentatives ont été faites pour la rapprocher de racines connues en supposant que la lettre finale noun ne faisait pas partie de la racine. Ces tentatives proposent de relier śāṭān à des racines sémitiques ayant une lettre faible telle que ŚṬH (« dévier, trahir ») ou SWṬ (« s’écarter »).
4. Renoncer à quelqu’un, cesser de rechercher sa compagnie, de le fréquenter (se séparer de).
Renoncer à celui, à celle qu’on aime.
Sens figuré : Renoncer à soi-même : répudier tout égoïsme.
II) Verbe transitif direct : Renoncer quelqu’un, quelque chose.
1. Sens vieilli : Cesser, refuser de reconnaître (renier).
– Citation du dramaturge et comédien français Molière (1622-1673) : « Je la déteste […] Et la renonce pour ma fille ».
2 . Sens littéraire : Abandonner (matériellement -sens vieilli- ou moralement).
– Citation de l’écrivain français François Mauriac (1885-1970) : « Le cri de l’homme qui a connu le bonheur, et qui l’a renoncé ».
3. En Belgique : Résilier (un bail) ; donner congé à (un locataire) (renon).
Contraires de renoncer : attacher (s’) ; persévérer, persister ; conserver, garder.