Rentrer : verbe (mot venant de re- et de entrer).
Le verbe « rentrer » a plusieurs acceptions :
I) Verbe intransitif (avec l’auxiliaire être) :
A . Entrer de nouveau :
1. Entrer de nouveau (dans un lieu où l’on a déjà été).
« Des gens ahuris qui sortaient des maisons, qui y rentraient » (Hugo).
Rentrer dans sa chambre. ➙ réintégrer.
Rentrer à la maison, au bercail, chez soi.
Avion qui rentre à sa base.
FIG. « Rentre dans le néant dont je t’ai fait sortir » (Racine).
LOC. Rentrer dans sa coquille*.
Sans complément : « Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons. Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron » (H. de Régnier).
Revenir. Sortir le soir et rentrer au petit jour.
Rentrer fatigué.
Elle rentrait d’une promenade.
Rentrer de la chasse. Rentrer dîner.
2. Entrer de nouveau dans (une situation, un état antérieurs).
Rentrer dans l’Administration. ➙ réintégrer.
Rentrer dans le droit chemin, dans le rang.
3. Sans complément : Reprendre ses activités, ses fonctions. Les tribunaux, les lycées, les classes rentrent à telle date.
Effectuer sa rentrée (en parlant d’un acteur).
4 (1538) VX Retrouver (une situation favorable). « Rentre dans ton crédit et dans ta renommée » (Corneille).
Locution : Rentrer dans les bonnes grâces de qqn, rentrer en grâce.
Rentrer dans ses droits. ➙ recouvrer. Rentrer dans ses dépenses, ses frais, les récupérer ou en retrouver l’équivalent.
(CHOSES) LOC. Tout est rentré dans l’ordre : l’ordre est revenu.
5. FIG. (1580) LITTÉR. Rentrer en soi-même : faire réflexion, retour sur soi-même. ➙ se recueillir. « Espace, je t’ai perdu et je rentre en moi-même » (H. Laborit).
B (Sans idée de répétition ni de retour)
1 (1690) ABUSIF, mais COUR. Entrer. « On rentre dans la cathédrale » (Claudel). « Le dompteur ne rentra pas dans la cage » (Perret).
Son fils rentre en cinquième.
2. Emploi « intensif » : Entrer avec force ou malgré une résistance, entrer complètement dans. Sa voiture est rentrée dans un arbre.
◆ LOC. J’aurais voulu rentrer sous terre (de honte). (1900) FAM. (avec une idée de violence) Rentrer dedans, rentrer dans le chou, dans le lard, dans le mou (de qqn) : attaquer, se jeter sur (➙ FAM. rentre-dedans).
▫ Faire rentrer qqch. dans la tête (de qqn) : faire comprendre ou apprendre avec peine, en insistant. Je « récite à haute voix pour que ça rentre mieux » (P. Cauvin).
C’est le métier* qui rentre.
3 (1803) S’emboîter, s’enfoncer. Les tubes de cette lunette d’approche rentrent les uns dans les autres.
PAR EXAGÉR. Les jambes me rentrent dans le corps : je suis fatigué à force de marcher.
Être enfoncé dans, caché, dissimulé sous. « ses joues creuses rentraient dans ses mâchoires » (France).
4 (fin XVIIe) Trouver sa place, être contenu. Cela ne rentrera jamais dans ma valise. ➙ tenir.
(ABSTRAIT) Être compris, contenu, inséré dans. ➙ entrer. Rentrer dans une catégorie. Cela ne rentre pas dans mes attributions.
5 (1798) Être perçu, en parlant de l’argent. Faire rentrer l’impôt.
II Verbe transitif
1 (1801) Mettre ou remettre à l’intérieur, dedans. Rentrer les foins. Il a rentré sa voiture (au garage).
Avion qui rentre son train d’atterrissage.
PAR EXT. (1826) Rentrer le ventre, s’efforcer de le rendre plat. Rentrer la tête dans les épaules.
PAR EXAGÉR. Enfoncer. Rentrer les coudes dans les côtes de ses voisins.
2 (1857) Dissimuler, faire disparaître sous (ou dans). Rentrer sa chemise dans son pantalon. « Nous avons rentré nos tignasses, lui sous son chapeau, moi sous ma casquette » (Vallès). Rentrer ses griffes*.
◆ FIG. (1672) Refouler. Rentrer ses larmes. ➙ ravaler, retenir. Rentrer sa colère, sa rage, son chagrin. ➙ réprimer.
Contraire de rentrer : échapper, ressortir, sortir.