Posséder : v.tr. (mot venant du latin possidere).
Le verbe « posséder » a de nombreuses acceptions :
1. Avoir (quelque chose) à sa disposition de façon effective et généralement exclusive (qu’on en soit ou non propriétaire) (avoir, détenir).
Posséder une maison, une voiture, une télé.
Elle possède une grosse fortune (Être à la tête de).
Posséder un bien à titre précaire, posséder pour autrui (droit).
« L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre » (La Fontaine).
« Celui-ci, sans mot dire, vend tout ce qu’il possède, linge, habits, machines, meubles, livres » (Diderot).
C’est lui qui possède ces documents, ils sont entre ses mains.
Absolu : Faim d’avoir et de posséder (convoiter).
Ceux qui possèdent (possédant).
Par extension : Posséder le pouvoir.
« Qui possédait la meilleure épée, possédait le droit » (Fustel de Coulanges).
Sujet chose : Pays qui possède de grandes richesses naturelles (abonder, renfermer).
Ce musée possède des Picasso.
2. Sens figuré : Avoir en propre (une chose abstraite).
« Il ne suffit pas de posséder une vérité, il faut que la vérité nous possède » (Maeterlinck).
Posséder la preuve de quelque chose (détenir).
Par extension : Avoir (une qualité).
Posséder une mémoire excellente, un grand courage.
« Cet homme possédait en plus les plus beaux yeux du monde » (Céline).
« Pour avoir du talent, il faut être convaincu qu’on en possède » (Flaubert).
3. Avoir une connaissance sûre de (quelque chose) (connaître).
Posséder un art, un métier. « Ceux qui possèdent Aristote et Horace » (Molière).
« Je doute que l’on trouve beaucoup d’exemples de grands écrivains qui ne possèdent admirablement leur langue » (Gide). (maîtriser).
Elle possède à fond son sujet.
4. Obtenir les faveurs de (quelqu’un).
« Autrefois on rêvait de posséder le cœur de la femme dont on était amoureux » (Proust).
Posséder une femme, un homme : accomplir avec elle, lui, l’acte sexuel (connaître, prendre ; familier ou vulgaire : baiser, défoncer, enfiler, fourrer, foutre, niquer, tringler ; s’envoyer, se faire, se farcir, se payer, se taper, trousser).
« En possédant cette femme, Eugène s’aperçut que jusqu’alors il ne l’avait que désirée » (Balzac).
5. Sens familier : Tromper, duper. Il nous a bien possédés ! (avoir, feinter, rouler).
Se faire posséder.
6. Dominer moralement. La jalousie le possède, le tient, le subjugue.
7. Sens vieilli ou littéraire : Maîtriser (ses propres états).
« Il semblait bien plus posséder son exaltation qu’être possédé par elle » (Malraux).
Verbe pronominal : Se posséder (se contenir, se dominer, se maîtriser).
– Citation de l’écrivain français Émile Zola (1840-1902) : « Elle s’entêta, ne se possédant plus, inconsciente ».
Il ne se possède plus de joie : il ne peut contenir sa joie (familier : Ne plus se sentir).
8. S’emparer du corps et de l’esprit de (quelqu’un), en parlant d’une force occulte (possédé).
– Citation de l’écrivain français André Gide (1869-1951) : « Un démon m’habitait. Il ne me posséda jamais plus impérieusement ».