Gueule : n. f. Bouche (de certains animaux, surtout carnassiers).
Ferme ta gueule ! : tais-toi.
Pousser un coup de gueule : crier ou chanter très fort.
Un fort en gueule, une grande gueule : un homme bavard et grossier, qui est plus fort en paroles qu’en actes.
Coup de gueule : colère (pousser un coup de gueule).
Manger de gueule : dispute.
Donner de la gueule : pousser un cri de colère.
Se fendre la gueule : se marrer, rigoler.
Crever la gueule ouverte : mourir abandonné de tous, mourir sans espoir d’être secouru.
Tu peux crever la gueule ouverte, mourir sans secours.
La gueule ouverte (évoque la mort).
Ce piment emporte, arrache la gueule.
Avoir la gueule de bois : bouche empâtée et sèche par suite d’un excès de boisson.
Avoir la gueule ferrée : manger des mets très chauds.
Puer de la gueule : avoir mauvaise haleine.
Pue-de-la-gueule : insulte.
Puer de la gueule : ne pas être servi. Et moi, je pue de la gueule ?
S’en foutre plein la gueule : manger beaucoup, consommer à satiété.
S’en mettre plein la gueule : s’empiffrer.
Se remplir /se taper la gueule : beaucoup manger.
Se péter/se bourrer la gueule : s’enivrer, se souler.
Tout pour la gueule (relatif à la nourriture, au manger, à l’appétit ; bouche (gourmande, assoiffée).
Fine gueule : Amateur de bonne chère, de repas fins (gourmet, gastronome).
Être de la gueule ou porter sur la gueule : bien manger et boire.
Emporter/arracher/brûler la gueule : se dit d’un alcool ou d’un épice particulièrement fort.
Il ne parle jamais celui-là : Non, il ouvre sa gueule que pour se souler.
En pleine gueule : en pleine figure.
En prendre plein la gueule : être rempli d’admiration.
Gueule de raie, gueule d’empeigne : face (termes d’injure à l’adresse de quelqu’un dont on n’aime pas la tête, l’allure).
Avoir une gueule à coucher dehors (avec le ticket de logement dans sa poche) : avoir un visage repoussant.
Sa gueule ne me revient pas : je ne me souviens pas de lui.
Arriver la gueule enfarinée : avec la naïve confiance d’obtenir ce qu’on demande.
Faire une gueule d’enterrement / de faire part : un visage triste.
Faire la gueule (à quelqu’un) ; tirer la (une) gueule (à quelqu’un) : le bouder, lui faire la tête.
Se casser/ramasser la gueule : tomber, chuter. Je me suis bien ramassé la gueule.
Bourrer/casser la gueule à quelqu’un : le battre, le frapper.
Se faire casser la gueule : se faire battre/ frapper.
Rentrer dans la gueule de gueule de quelqu’un : le frapper, le battre.
Soldat qui va se faire casser la gueule : se faire tuer.
(Se) foutre sur la gueule : (se) battre.
Se foutre de la gueule de quelqu’un : se moquer de lui. Tu te fous de ma gueule
ou quoi !
Je vais lui mettre mon poing sur la gueule : Je vais le frapper.
Je vais lui en mettre plein la gueule : le rouer de coups.
Se foutre de la gueule du monde : se moquer de tout le monde (« Si Dieu existe, il se fout de la gueule du monde ! » Françoise Sagan).
Il en a pris plein la gueule (pour pas un rond) : il s’est fait engueulé, injurié.
Ramener sa gueule : Être prétentieux de manière démonstrative.
Je vais lui en mettre plein la gueule : plein les yeux, l’étonner, le surprendre.
Se foutre de, se payer la gueule de quelqu’un : se moquer de lui.
Être arrêté pour délit de sale gueule : délit de faciès.
En prendre plein la gueule : recevoir les pires affronts, les critiques les plus violentes.
Délit de sale gueule, assimilant la couleur de la peau à une infraction qui justifie un contrôle d’identité.
Soigner sa gueule : bien manger.
A gueule que veux-tu : Beaucoup manger ; d’abondance, autant que la bouche le permet.
Faire la gueule : faire la tête, bouder.
Commettre un délit de sale gueule : être inquiété à cause de son franc-parler.
Avoir la gueule de l’emploi : avoir le bon physique pour ce travail.
Une belle gueule ; une jolie petite gueule ; gueule d’amour : surnoms de séducteurs irrésistibles.
Avoir une sale gueule : être laid, antipathique.
Gueule : moi, toi, soi. (Ma gueule/ ta gueule). Fais gaffe à ta gueule.
C’est pour ma gueule : c’est pour moi.
Bien fait pour ma/ta/sa gueule.
Avoir de la gueule : avoir quelque chose, du style, de la classe.
Avoir quelqu’un par la gueule : le vaincre par la faim, chantage à la nourriture.
Ça a de la gueule, non ? : N’est ce pas vraiment beau ?
Ce chapeau a une drôle de gueule : il est bizarre.
Cette bagnole a vraiment de la gueule : cette voiture a vraiment quelque chose.
Autrefois une gueule était une fille publique dévoreuse d’hommes.
Cracher sur la gueule : témoigner le plus profond mépris à quelqu’un.
Gueule de bois : lendemain de fête, de beuverie.
Porté sur la gueule, amateur de bonne chère.
Fort, forte en gueule, celui, celle qui crie des injures.
Gueule de travers, mauvais visage, mine allongée.
Roulement de la gueule, signal du repas (jargon du troupier).
Gueule d’empeigne, palais habitué aux liqueurs fortes et aux mets épicés.
Faire sa gueule, être de mauvaise humeur, bouder.
Se chiquer/fritter la gueule, se battre à coups de poing sur le visage.
Crever la gueule à quelqu’un, lui mettre le visage en sang.
La gueule lui en pète, il a la bouche en feu pour avoir mangé trop épicé.
Avoir la gueule enfarinée : être alléché par quelque chose, par une promesse de dîner ou d’amour et se créer par avance une indigestion ou une félicité sans pareilles.
Le mot « gueule » au sens de faciès entre dans la formation de nombreuses injures plus ou moins graves : gueule de bite, gueule de con, gueule de raie (visage affreux), gueule de coin de rue, gueule de chimio, gueule d’empeigne, gueule garnie de clous de girofle, gueule de Satan, gueule d’enfer, gueule à cléber sa caille, gueule à chier / tartir dessus, gueule à la manque, gueule à caler les roues de corbillard, gueule à la manque, à la noix, gueule à coucher dehors avec un billet de logement, gueule à ramer les choux, gueule à faire des contre-appels dans les cimetières, gueule à faire rater une couvée de singe, gueule de vache, gueule de tinette,…
– Citation de l’écrivain français Marcel Aymé (1902-1967) : « Tu as mangé dit-il aigrement. Tu as la gueule d’un homme qui a mangé » dans La bonne peinture.
– Citation de l’écrivain français Louis-Ferdinand Destouches dit Céline (1894-1961) : « Le peuple il est rien du tout, que de la gueule et du moindre effort. C’est la petite bourgeoisie qu’a l’habitude de se priver, de se refuser tout plaisir, de même jamais rien désirer d’agréable, de prévoir toujours les pires catastrophes et toujours en définitive de se trouver marron, encore responsable. » dans Bagatelles pour un massacre – 1938.
– Citation de l’écrivain français Louis-Ferdinand Destouches dit Céline (1894-1961) : « Si j’étais roi des Bistrots, je verserais qu’un seul apéro, mais pour toutes les gueules. » dans Bagatelles pour un massacre – 1938.
– Trois citations de l’écrivain américain John Fante (1909-1983) tirées du roman Demande à la poussière (Ask the dust) (1939) :
– « Je suis bien content de les voir tous ici crever la gueule ouverte, au soleil, content de les voir comme ça, déracinés, grugés par leur manque de cœur. ».
– « Toi écoute-moi bien j’ai dit. J’ai jamais pu t’encadrer, alors ferme ta sale gueule. ».
– « Je regardais les gueules autour de moi et je savais que la mienne était pareille. Des tronches vidées de leur sang, des mines pincées, soucieuses, paumées. ».
Extrait de la chanson Le Métèque du auteur-compositeur-interprète d’origine italo-grecque naturalisé français Georges Moustaki (1934-2013) :
« Avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés qui me donnent l’air de rêver, moi qui ne rêve plus souvent
Avec mes mains de maraudeur, de musicien et de rôdeur qui ont pillé tant de jardins
Avec ma bouche qui a bu, qui a embrassé et mordu sans jamais assouvir sa faim ».