La Mamounia (hôtel) à Marrakech, Maroc : L’hôtel de la Mamounia, appelé couramment La Mamounia, est un hôtel cinq étoiles situé au Maroc. Faisant face aux montagnes de l’Atlas, il est situé au cœur de la vieille ville de Marrakech, à l’ouest. Comme le jardin Majorelle, la mosquée de la Koutoubia ou la place Jemaa el-Fna, ce palace est considéré par beaucoup comme un lieu « mythique » de la ville. Il est la propriété de l’Office national des chemins de fer (ONCF), de la Ville de Marrakech, et de la caisse des dépôts marocaine.
Histoire de la Mamounia : Les remparts entourent le site, appartenant au calife Abdal-Mou’min, le premier des Almohades, dès le XII siècle.
Au XVIIIe siècle, ce qui est aujourd’hui La Mamounia est un jardin adossés aux remparts de la vieille ville, appartenant au sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdellah et sa femme Lalla Fatima. Il dessine les jardins pour son fils le prince Mamoun, et lui offre comme cadeau de mariage. Le nom « Arsal el Mamoun » est alors donné par le prince, nom qui devient « Arsat Mamounia ». Un système d’irrigation performant y est déjà présent.
Le premier bâtiment qui sera suivi de plusieurs autres, le Pavillon de la Mamounia, appelé par la suite le « Palais de La Mamounia », apparait au xixe siècle et ressemble à « maison bourgeoise posée en plein désert » ; celui-ci est détruit vers 1922.
Mais l’idée d’un grand hôtel germe vers 1920. L’année suivante, Albert Laprade signe les premiers plans pour la future construction, suivi d’un second dessiné par Robert Lièvre ; les deux projets n’aboutissent pas. En 1923, les architectes Henri Prost et Marchisio dirigent le début des travaux de l’hôtel et sa cinquantaine de chambres sur un seul étage, pour le compte de l’Office national des chemins de fer (ONCF), le maître d’ouvrage. Jacques Majorelle décore le salon qui porte son nom. En 1925, l’hôtel, à la décoration sobre et moderne, et occupant un bâtiment central avec une unique aile nommée « Aile Koutoubia », ouvre. Celui-ci prend le patronyme féminin de La Mamounia. Au départ, le lieu est plutôt réservé aux longs séjours : on y vient avec ses meubles.
Sous le règne d’Hassan II : Sur l’impulsion du roi Hassan II, dans un premier temps en 1977, une toute première rénovation est effectuée en neuf mois par le jeune architecte marocain Aziz Lazrak et le décorateur français Jean-Louis Chollet qui travaille à ses côtés. Ils sont à l’époque conseillés par l’architecte du Roi, Jean-Emile Duhon. Cette première intervention est suivie par celle d’André Paccard « décorateur du roi » qui rénove l’hôtel en cinq mois à la fin des années 1980, avec un mélange de décoration art-déco et de tradition marocaine, et en lui ajoutant un quatrième étage, une aile supplémentaire, ainsi qu’un casino. L’hôtel a alors 200 chambres. Quatorze ans plus tard, c’est Alberto Pinto qui entreprend de nouveau une rénovation ; depuis la fin de la seconde guerre mondiale, époque durant laquelle l’hôtel double le nombre de ses chambres pour atteindre le nombre de 100 et se voit pourvu d’une seconde aile, c’est la cinquième rénovation que compte La Mamounia.
Comme son père 20 ans plus tôt, le roi Mohammed VI insuffle une remise en état des lieux : La Mamounia ferme ses portes en 2006. Le mobilier, fauteuils, tableaux, lampes, linge, et même les calèches, sont vendus aux enchères trois ans plus tard durant le premier semestre 2009.
2009 dernière rénovation : Septembre 2009, après trois ans et 120 millions d’euros de travaux, La Mamounia ouvre ses portes sur une atmosphère tout en clair-obscur et demi-teintes, réalisée par Jacques Garcia, décorateur connu entre autres pour sa réalisation de l’Hôtel Costes à Paris. Il reconstitue les salons d’avant la rénovation des années 1980, et adopte une nouvelle décoration au style hispano-mauresque. Composé de plus de 200 « chambres » et une augmentation notable des tarifs, l’hôtel voit sa piscine agrandie, et 2 500 m2 sont attribués au Spa sous enseigne Shiseido comprenant plusieurs salles de soins, deux piscines à ozone, et trois hammams.
Le palace emploie alors environ 800 personnes au total et remet maintenant un prix littéraire.
En octobre 2018, le magazine Conde Nast Traveler US place l’hotel en tête de son classement des meilleurs hôtels du monde et de son classement des meilleurs hôtels d’Afrique.
En novembre 2018, Mustapha El Khalf, porte-parole du gouvernement et ministre délégué chargé de Relations avec le Parlement et la Société civile, annonce que le gouvernement va lancer une procedure de privatisation de l’hôtel (ainsi que de la centrale électrique de Tahaddart). Rabat estime que la privatisation rapportera six milliards de dirhams.
2019 : vers la privatisation de La Mamounia. Celle-ci devrait intervenir après approbation du parlement marocain dans le premier semestre de 2020.
Restaurants et jardins :
– Restaurants : La Mamounia dispose de quatre restaurants : Jean-Pierre Vigato est le chef de la carte française, Alfonso Laccarino pour le restaurant italien, et Rachid Agouray pour les spécialités marocaines, ainsi qu’un buffet méditerranéen. Un potager de 1 500 m2 permet d’approvisionner de nombreux légumes.
– Jardins : Composés d’oliviers, de palmiers, de rosiers, de jacarandas, d’orangers, de pins d’Alep, de bougainvillées, de lauriers-roses et, ainsi qu’une allée de 80 cactus, les jardins occupent une surface de huit hectares, au sein d’un domaine de quinze hectares au total, et sont entretenus par 70 jardiniers. Le minaret de la Koutoubia, ainsi que les sommets enneigés de l’Atlas, sont visibles au-delà des jardins.
Personnalités : Au cours de son histoire, le palace voit passer des nombreuses personnalités : « politiques, hommes d’affaires, stars de cinéma, écrivains ou journalistes ». Maurice Ravel y joue du piano, Winston Churchill y peint et boit, donnant son nom au bar de l’hôtel, Le général de Gaulle y dort une unique nuit dans un lit réalisé sur mesure à cause de sa grande taille, Pierre Joxe et Pierre Bérégovoy s’y bagarrent, Philippe Douste-Blazy et Dominique Cantien y font une scène de ménage, Arielle Dombasle et Bernard-Henri Lévy y ont leurs habitudes et privilégient la villa privée plutôt que la suite, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair y séjournent lors des travaux de leur riad.
Mais également depuis 1923, les chanteurs Joséphine Baker, Maurice Chevalier, Édith Piaf, Ray Charles, Jacques Brel, Charles Aznavour, Elton John, Paul McCartney, qui y compose la chanson Mamunia présente sur l’album des Wings, Band on the Run ; le monde du cinéma avec Charlie Chaplin, Marlene Dietrich, Danielle Darrieux, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Charlton Heston, Orson Welles, Claude Lelouch, Nicole Kidman, Shay Mitchell, Sophie Marceau ou Sarah Jessica Parker pendant le tournage de Sex and the City 223 ; l’écrivaine Marguerite Yourcenar, ou Colette, Jean-Edern Hallier, les politiques Richard Nixon, Ronald Reagan, Jack Lang, ou Jacques Chirac.
La jeune escroc Anna Delvey y passe des vacances aux frais d’une amie, élément qui sera ensuite utilisé contre elle lors de son procès aux États-Unis d’Amérique.
La Mamounia et le cinéma : Des scènes de L’Homme qui en savait trop de Hitchcock y sont tournées. Erich von Stroheim y vient en repérages. Dès les années 1950, l’hôtel est utilisé plus régulièrement pour des tournages de cinéma.
L’hotel est un lieu important du Festival international du film de Marrakech.
Bibliographie : Antoine Capet, Churchill : Le dictionnaire. Paris : Perrin, 2018 (862 p.), Rubrique « Grands hôtels », p. 168-169.
Site internet officiel de La Mamounia
La carte du restaurant de la Mamounia
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