Maxim’s (restaurant) : Maxim’s est un restaurant situé à Paris, au 3, rue Royale, dans le quartier de la Madeleine. Fondé le 7 avril 1893, il est l’un des établissements les plus célèbres de la capitale française.
Histoire du restaurant chez Maxim’s : L’immeuble en pierre de taille du 3, rue Royale est la propriété du duc de Richelieu (*) au XVIIe siècle.
(*) Le titre de duc de Richelieu, pair de France, est créé le 26 novembre 1629 pour le cardinal de Richelieu (1585-1642), principal ministre de Louis XIII. Resté dans la famille, le titre s’éteint en 1952.
La famille italienne Imoda en fait un glacier à la fin des années 18801. Mais les Imoda doivent s’en séparer, quelques années plus tard, à la suite d’une violente vague de germanophobie contre l’établissement provoquée par la présence, le 14 juillet 1890, d’oriflammes prussiennes dans la décoration de la devanture. Le lieu devient ensuite un bistrot pour cochers de fiacre. Maxime Gaillard, garçon de café qui travaillait à l’époque dans le Reynolds, bar américain voisin, et son ami Georges Everaert en font, en 1893, un café-glacier à l’enseigne de Maxim’s et Georg’s par anglicisation de « Maxime » et germanisation de « Georges ». Pour son inauguration, le petit bistrot attire le jour du prix de Diane, le 21 mai 1893, Arnold de Contades, un des représentants de la jeunesse dorée de l’époque et la comédienne Irma de Montigny, intrigués par l’enseigne à l’anglaise. Suit, dans leur sillage, une clientèle mondaine et élégante. Il devient alors un lieu de rendez-vous apprécié du tout-Paris de la Belle Époque (*).
(*) La Belle Époque est un chrononyme rétrospectif désignant la période marquée par les progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques, principalement en France et s’étendant de la fin du XIXᵉ siècle au début de la Première Guerre mondiale en 1914.
Le maître d’hôtel du restaurant Eugène Cornuché, qui l’a racheté à Maxime Gaillard endetté par sa clientèle mondaine, qui oublie souvent de payer ses factures, fait appel, en 1900, aux artistes en vogue de l’école de Nancy et à Louis Marnez pour réaménager l’établissement (notamment la fameuse verrière) dans le style Art nouveau à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris : fresques murales marouflées de Léon Sonnier, bois d’acajou, miroirs biseautés, feuillages et ornements en bronze et cuivre, etc. Le maître d’hôtel installe un piano et sollicite les courtisanes, pour qui sont créées des « chambres d’amour » à l’étage et sont dédiés des plats (Pommes Maxim’s, pommes Cocottes, Lorette, selle d’agneau Belle Otéro), qui attirent toute l’élite de la galanterie française, têtes couronnées et grandes fortunes. La clientèle d’artistes et de personnalités comme la Belle Otéro, Édouard VII, Marcel Proust, Georges Feydeau, Mistinguett, Jean Bugatti, Armand et Sosthène de La Rochefoucauld, Sacha Guitry, Tristan Bernard ou Cocteau, contribue à asseoir la réputation de Maxim’s.
En 1932, Octave Vaudable, restaurateur auvergnat, rachète le restaurant. Cocteau et lui sont amis. Avec l’aide d’Albert Blazer (connu comme prince des maîtres d’hôtel) qu’il engage en 1934, il sélectionne ses clients, impose le port de l’habit et favorise les habitués, de préférence célèbres ou fortunés. Entre 1933 et 1934, Ben Horris anime avec son orchestre ce célèbre restaurant. Pendant l’Occupation allemande, réquisitionné et tenu par le restaurateur berlinois Otto Horcher, il devient le restaurant privilégié des officiers allemands. Le maréchal Göring y dîne le 28 juin 19403.
Après la Libération, les grandes figures du cinéma de l’époque ne manquent pas de s’y montrer. Aristote Onassis et la Callas y retrouvent Marlene Dietrich et Martine Carol. À la fin des années 1950, des ouvriers, devant remplacer les célèbres banquettes rouges, y découvrent des louis d’or, des bagues, des diamants et des rubis. C’est dans les années 1950 à 70 que Maxim’s, sous la direction du fils d’Octave Vaudable, Louis Vaudable, gastronome lettré, devient le restaurant le plus célèbre du monde, mais aussi l’un des plus chers. Avec sa femme Magguy, ancienne journaliste, Louis assure la renommée internationale de Maxim’s. En 1968, Louis Vaudable crée le « Maxim’s Business Club ».
En novembre 1977, Louis Vaudable et Pierre Cardin s’associent pour créer la « griffe » Maxim’s.
En juillet 1979, l’établissement est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques. Le restaurant est retiré du Guide Michelin en 1977 à la demande de Louis Vaudable.
« Nous avons demandé un symbole spécial car nous ne sommes pas un restaurant comme les autres. Quand le Michelin a refusé, j’ai demandé […] que nous en soyons retiré. »
explique-t-il au New York Times en 1979.
Secondant son père depuis des années, François Vaudable, poursuit l’œuvre de sa famille qui a assuré le prestige du restaurant depuis près d’un demi-siècle. En mai 1981, plus attiré par le milieu scientifique que par celui de la jet set et ne voulant pas que son restaurant soit acquis par des investisseurs étrangers, il vend Maxim’s à Pierre Cardin (*).
L’époque Vaudable restera la plus longue et sa qualité de service la plus remarquable de l’histoire de Maxim’s.
À partir de 1981, Cardin développe son aspect international en ouvrant sept autres restaurants Maxim’s : (celui de Paris étant renommé Maxim’s de Paris) : Monte-Carlo, Pékin, Genève, Tokyo, Shanghai, New York et Bruxelles, tout en multipliant les licences « Maxim’s » (argenterie, bagages, meubles, linge, vaisselle, vêtements) . Il transforme les trois étages supérieurs de l’immeuble en un musée consacré à l’Art nouveau, multiplie les spectacles et organise des soirées pour une clientèle jeune. Cette évolution se fait au détriment de la haute cuisine : malgré l’engagement d’Alain Ducasse, Joël Robuchon ou Bernard Loiseau, la qualité de la restauration décline. En 2010, Cardin décide de fermer Maxim’s au déjeuner. En 2011, Maxim’s Traiteur, lancé en 1990, devient Maxim’s Réceptions, traiteur de luxe pour les particuliers et les entreprises.
(*) Pierre Cardin, né Pietro Costante Cardin [karˈdin] le 2 juillet 1922 à Sant’Andrea di Barbarana et mort le 29 décembre 2020 à Neuilly-sur-Seine, est un couturier et homme d’affaires français d’origine italienne.
Le musée Maxim’s : Le musée Maxim’s représente la première collection privée française d’art 1900 : plus de 750 meubles et objets d’art en situation dans un appartement de 350 m2 sur deux étages. Collection composée des plus belles signatures de l’Art nouveau où se côtoient : Louis Majorelle, Eugène Gaillard, Émile Gallé, Hector Guimard, Clément Massier, Tiffany & Co., Antonio de La Gandara, Sem et Henri de Toulouse-Lautrec. Il était possible de suivre une visite guidée du musée tous les jours, sauf le lundi et le mardi, en anglais à 14 h et en français à 15 h 15 en compagnie du conservateur Pierre-André Hélène qui a fondé ce musée à la demande de Pierre Cardin. Le musée a fermé au public, le 30 avril 2017, mais a rouvert ses portes le 15 novembre suivant.
Les créations culinaires : Des plats célèbres ont été créés chez Maxim’s : les pommes Maxim’s, crêpe Veuve joyeuse, les filets de sole Belle Otero ou les filets de sole Albert (dédiés au maître d’hôtel Albert Blazer), le soufflé Rothschild et la tarte Tatin découverte et intégrée au menu par Louis Vaudable.
Personnalités : Maurice Bertrand, surnommé « Le Monsieur de Chez Maxim’s ».
Œuvres de fiction :
Le restaurant sert de cadre au troisième acte de l’opérette la Veuve joyeuse, de Franz Lehar, créée en 1905.
La Dame de chez Maxim (1899), pièce de théâtre de Georges Feydeau.
Gigi (1958) de Vincente Minelli.
Chéri (2009), film de Stephen Frears.
Le Chasseur de chez Maxim’s (1976), film de Claude Vital.
Bonjour Tristesse (1958), film d’Otto Preminger.
Le Diner chez Maxim’s, sketch de Popeck.
Chez Maxim’s, le rappeur Booba fait référence à ce restaurant dans sa chanson Boulbi en disant : « Tu peux me croiser chez Maxim’s, tu peux me croiser au grec ».
Minuit à Paris (2011), film de Woody Allen.
Des gens qui s’embrassent (2013), film de Danièle Thompson.
Site internet officiel du restaurant chez Maxim’s