Imposer : v.tr. (mot venant de in- et de poser, d’après le latin imponere).
Le verbe « imposer » a plusieurs acceptions :
I) Faire payer :
1. Faire payer autoritairement.
Imposer un tribut, une contribution.
2. Faire payer à (qqn), assujettir à l’impôt. Imposer le capital. Être imposé sur ses bénéfices. « Peuple noble et fier, il a toujours combattu ceux qui ont voulu le soumettre ou l’imposer durement » (Cendrars).
3. Percevoir des taxes, des droits (sur qqch., une marchandise). Ouvertures qui « avaient été murées du temps où l’État imposait les portes et fenêtres » (M. Dugain). ➙ taxer.
II) Imposer quelque chose, quelqu’un à quelqu’un
1. Prescrire, faire subir à qqn (une action, une attitude pénible, désagréable). ➙ commander, exiger, ordonner ; infliger. Imposer un travail, une tâche à qqn. (1342) Imposer (le) silence à qqn, le faire taire. Imposer sa loi, sa volonté. ➙ dicter. Imposer des conditions.
« La liberté a les limites que lui impose la justice » (Renard). ➙ fixer.
2. Faire accepter, admettre (qqch.) par une pression, une contrainte morale. Imposer ses façons de voir, ses vues. « Celui qui veut imposer ses idées est peu certain de leur valeur » (Valéry). Imposer un produit par la publicité.
s’imposer (à soi-même). S’imposer qqch. : s’en faire une obligation. S’imposer un effort, une discipline, de l’exercice. S’imposer de faire qqch.
PRONOM. (sujet chose) Être nécessaire, ne pouvoir être rejeté. La solution qui s’impose. Prendre les mesures qui s’imposent. Ça ne s’impose pas (souvent péj.) : ce n’est pas indispensable.
3. Faire accepter (qqn) par force, autorité, prestige, etc. Imposer qqn pour, comme chef. « Elle l’imposerait dans un petit rôle » (Aragon).
PAR EXT. Imposer sa présence.
PRONOM. (1829) s’imposer : se faire admettre, reconnaître (par sa valeur…). S’imposer comme chef. S’imposer par le talent. À ce poste, il s’impose, il est le plus qualifié. Notre équipe s’est imposée en finale.
PÉJ. Il a le chic pour arriver à l’heure du repas et s’imposer.
4. TRANS. IND. (1596) VX imposer à (qqn) : en faire accroire à (qqn). ➙ abuser, tromper. « Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer » (Molière).
(1638) Faire une forte impression, inspirer le respect. Il leur impose par ses façons de grand seigneur. ➙ impressionner.
MOD. en imposer à (qqn). « J’ai vu des gens se troubler, tellement il leur en imposait » (Zola). « Un grand nom en impose à tout le monde » (Valéry). S’en laisser imposer : se laisser impressionner par qqn.
III) Poser, mettre (sur) :
1. LITURG. Imposer les mains, pour bénir, conférer certains sacrements.
PAR EXT. Guérisseur qui impose les mains (pour faire passer le fluide). « Il imposait les mains aux vaches qui donnaient du lait bleu ou qui portaient la queue en cercle » (Maupassant).
2. Imprimerie : Imposer une feuille : grouper les pages de composition de façon à obtenir, après pliage de la feuille imprimée, un cahier présentant des marges correctes et une pagination suivie (travail de l’imposeur, euse).
Contraire d’imposer : affranchir, dégrever, dispenser, incliner (s’).