Reste : n.m. (mot venant de rester).
Le mot « reste » a de nombreuses acceptions :
I) Ce qui reste d’un tout :
A. Le reste de…, le reste.
Ce qui reste d’un tout dont une ou plusieurs parties ont été retranchées.
1. D’un objet ou d’une quantité mesurable : Le reste d’une somme d’argent (complément, différence, excédent, reliquat, solde, surplus).
« Il emploie la moitié de son argent ; le reste, il le donne aux pauvres » (Lautréamont).
Verser un acompte et payer le reste par mensualités.
Sens vieilli : Donner son reste à qqn, le congédier en lui versant ce qui lui est dû.
Locution : Partir sans demander (attendre) son reste, sans insister, précipitamment.
2. D’un espace de temps) Le reste de sa vie (restant).
« Vivre entre ses parents le reste de son âge » (du Bellay).
Locution : Jouir de son reste, des derniers moments d’une situation agréable qui prend fin.
Locution adverbiale : Le reste du temps : aux autres moments, dans les autres occasions. Il « incline devant Dieu des épaules que, le reste du temps, le labour courbe vers la terre » (Suarès).
3. D’une pluralité d’êtres ou de choses : Les autres.
« Du reste des humains je vivais séparée » (Racine).
Suivi d’un nom au pluriel avec le verbe au singulier : « Le duc d’Estrées et Mazarin, à qui le reste des hommes n’osait parler » (Saint-Simon).
(Avec le verbe au pluriel (Littérature) : « Le reste des individus seront réduits à la condition d’instruments » (Valéry).
Devant un collectif : « Ces simples qui vivent là isolés du reste du monde » (Loti).
(Non qualifié) « Les miteux s’y logèrent à quinze ! le reste se casa où il put » (Courteline).
4. D’une chose non mesurable : Le reste de l’ouvrage.
Locution : Faire le reste : agir dans le même sens.
Je l’ai opéré, le repos fera le reste.
« Personne ne peut être en deux endroits à la fois. Te voilà confondu ! La torture faisait le reste » (Caillois).
5. Le reste : tout ce qui, dans quelque ordre que ce soit, n’est pas la chose précédemment mentionnée.
Ne t’occupe pas du reste.
« Et tout le reste est littérature » (Verlaine).
Pour le reste, quant au reste.
Locution ironique : Il sait faire ça comme le reste, aussi mal que toute autre chose.
En fin d’énumération : Et le reste (et cetera).
« Mlle Léonie, gouvernante, cuisinière, femme de chambre, et le reste, disaient les mauvaises langues » (Clancier).
Et tout le reste : et tout ce qui s’ensuit (familier : Et tout le bataclan, le bazar, le bordel, le saint-frusquin, le tralala, le tremblement ; argot : et tout le toutim).
B. Dans des locutions adverbiales :
1. De reste : plus qu’il n’en faut, plus qu’il n’en est besoin. Il a de l’argent de reste pour se tirer d’affaire.
Ironique : Avoir de l’argent, du temps de reste, les prodiguer inutilement.
« Vous avez de la bonté de reste, vous encore » (Courteline).
2. En reste (redevable).
Locution : Être, demeurer en reste (avec qqn) : être le débiteur, l’obligé (de quelqu’un).
« Il a payé. Comme je ne voulais pas être en reste, il y a eu une seconde tournée » (Butor).
Locution : N’être jamais en reste : se comporter de façon à ne jamais se trouver en situation d’obligé envers qqn ; ne jamais être pris au dépourvu pour répliquer.
3. Littérature : au reste ; sens courant : Du reste.
Quant au reste ; pour ce qui est du reste, de ce qui n’est pas mentionné (Au surplus, d’ailleurs).
« Les lettres que personne au reste N’aurait lues » (Brassens).
« Du reste, même à part ce talent phénoménal, c’était vraiment un être très intéressant » (Barbey).
II) Un reste, des restes.
Élément restant d’un tout dont l’intégrité ne s’est pas conservée.
A. Ce qui demeure après une destruction, un prélèvement
1. Concret : Les restes d’un bâtiment détruit (décombres, ruines) ; d’une voiture accidentée (débris).
« Ce portique, seul reste conservé des constructions de l’ancien temple » (Renan) (trace, vestige).
Les restes d’un repas (relief, péjoratif : rogaton).
Non qualifié : « Leur déjeuner venait de se terminer. Les restes étaient copieux » (Céline).
L’art d’accommoder les restes.
Jeter les restes (déchet, détritus).
Littérature : Cadavre, dépouille (cendres).
Restes exhumés, incinérés.
Chien dressé pour trouver les restes de corps humain.
Recueillir les restes de quelqu’un.
« Mais “les cendres” présentent mieux que “les restes,” dont on se demande toujours comment les accommoder » (J. Rouaud).
Personnes : Survivant, descendant encore vivant.
Les restes d’une armée vaincue.
« Une aristocratie, reste des familles autrefois souveraines » (Renan).
2. Abstrait : « Nul reste de cette puissance » (Bossuet).
Il retrouvait en lui quelques restes de ses anciennes préoccupations.
3. Dans un calcul, Élément restant d’une quantité, après soustraction (différence) ou après division.
Droit constitutionnel : Dans le système de la représentation proportionnelle, se dit des restes obtenus après division des suffrages qu’une liste a recueillis.
Reste à charge.
B. Petite quantité restante de (quelque chose)
1. Concret : « Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure » (Lamartine).
Il dîna d’un reste de rôti.
Locution : Avoir de beaux restes, des restes de beauté (se dit par euphémisme de quelqu’un n’est plus jeune).
« Il est fort extraordinaire qu’une femme dont la fille est en âge d’être mariée ait encore d’assez beaux restes pour s’en vanter si hautement » (Corneille).
2. Abstrait : « Un reste de goût pour la vertu » (Rousseau).
Un reste de bon sens, de tendresse, d’espoir.
« On voyait dans ses yeux un reste de fureur » (Hugo).
C. Au pluriel : Ce que l’on abandonne : Les restes de quelqu’un, ses restes, ce qu’il a laissé, négligé, méprisé (considéré quant à sa possession, son utilisation par une autre personne).
Il n’a eu que vos restes.
(Injurieux) « C’est chose tout à fait plaisante que de voir le grand roi, jeune encore, épouser les cinquante ans sonnés d’une dévote, […] et ce monarque glorieux vivre trente ans des restes de ce cul-de-jatte [Scarron] » (Lemaitre).