Poire : n. f. La poire est le fruit du poirier, charnu, à pépins, de forme oblongue.
Dans le langage courant, la poire a une connotation plutôt péjorative ; « prendre quelqu’un pour une poire », c’est le considérer comme un imbécile que l’on peut facilement berner. Au XIXème siècle, les caricaturistes s’en sont donnés à cœur joie contre le roi Louis-Philippe Ier qu’ils aimaient portraiturer sous la forme d’une poire.
Faire avaler des poires d’angoisse à quelqu’un, c’est lui donner du chagrin.
Il ne lui promet pas poires molles se dit lorsqu’un homme en menace un autre.
Entre la poire et le fromage : c’est sur la fin du repas, lorsque la gaieté que donne la bonne chère fait qu’on parle librement. Cette expression ancienne date du temps où l’on mangeait une poire après le plat principal, pour se rincer la bouche avant le fromage. La poire fournissait alors un apport végétal à une époque où les légumes étaient moins représentés dans l’alimentation.
Entre la poire et le fromage : à la fin du repas (au dessert), quand les propos deviennent moins sérieux ; vers la
fin du repas (avec idée de liberté de parole), moment où l’on parle (confidences) ; à la fin du repas, quand l’atmosphère est détendue.
En Chine, où la population est très superstitieuse, il est très mal vu de partager une poire avec quelqu’un. En effet, en chinois, partager une poire se dit fēnlí (分梨), sonorité identique à fēnlí (分离) qui signifie quitter quelqu’un, partir.
Poire : figure, visage, tête, physionomie ; tête qui prête à rire ; individu.
Une poire molle désigne quelqu’un qui manque de volonté, de caractère.
Ne pas promettre des poires molles : promettre un sévère traitement.
Tire-poire : photographe.
C’est pour ma / ta poire : c’est pour moi / pour toi.
Ma poire : moi ; nos poires : nous ; vos poires : vous : leurs poires : eux / ils.
C’est bien fait pour ta / sa poire : c’est bien fait pour toi / lui.
Retomber sur la poire de… : être en défaveur de, causer du tort à…
Une bonne poire : une personne gentille, naïve.
Une bonne poire se dit d’une trop bonne personne dont on profite souvent.
Être (une bonne) poire : être naïf, peu méfiant, donc facile à duper. ; être très indulgent.
Poire : personne qui se laisse tromper facilement, se laisse faire (naïf).
Est-ce que tu me prends pour une poire : pour un imbécile.
Poire à bonne à cueillir ; se dit de quelqu’un de crédule, naïf, idiot ; trop confiant, facile à berner ; victime, dupe.
Électeur naïf.
Faire sa poire : se faire prier, prendre des airs dédaigneux.
Poire tapée : visage ridé qui ressemble à une poire sèche.
Poire qu’on coupe au couteau : se dit de quelqu’un qu’on a exploité financièrement, imbécile.
Faire sa poire (anglaise) : prendre des / ses airs.
Faire sa poire : Faire des façons (en parlant d’une femme qui hésite à se laisser faire).
Faire sa poire ; Ne jamais rien trouver de bien ; s’imaginer être au-dessus de tout et de tous.
Garder / gagner une poire pour la soif : ce qu’on conserve en cas de besoin, être prévoyant, se réserver une ressource en cas de besoin.
Couper la poire en deux : partager en partie égale ce qui reste ; faire des concessions mutuelles ; trouver un accord médian ; parvenir à un compromis, faire un arrangement équitable.
La poire est mûre : le moment est venu.
Se payer / se foutre de la poire de quelqu’un : se moquer de lui.
Tourner à la poire : se moquer de quelqu’un en le tournant en ridicule.
S’en prendre plein la poire : se faire gronder, engueuler.
Se fendre la poire : se marrer, rigoler.
Face, figure : prendre quelque chose en pleine poire.
Une pêche en pleine poire : un coup de poing en pleine figure.
Poire tapée : visage ridé (comme poire sèche).
Se sucer la poire : s’embrasser. Je les ai vus en train de se sucer la poire.
Sucer la poire à quelqu’un : l’embrasser.
Sucer une poire : dépouiller, ruiner une victime.
Ne pas promettre des poires molles : menacer.
Poire de schnock : insulte.
Poire : sein féminin à la forme oblongue. Des seins en forme de poire (piriforme).
Poire : client d’une prostituée
Déposer une poire : déféquer.
L’expression « Avaler des poires d’angoisse » : Subir des traitements cruels – Vivre des situations très désagréables.
Au Moyen Âge, pour ne plus entendre les cris des gens qu’on torturait, un bon moyen consistait à leur enfoncer dans la bouche un instrument qui, selon Larousse, « s’ouvrait au moyen d’un ressort, se développait en forme de poire, et étouffait complètement les cris ». Autant dire que celui qui avait cette chose dans la bouche devait ressentir une certaine angoisse. Cela dit, ces instruments, dont le nom est cité au XVe siècle, servaient aussi plus simplement à bâillonner un prisonnier pour l’empêcher de parler. Pour préciser tout de même un peu mieux l’appellation d’origine, on notera qu’étymologiquement, angoisse vient du latin angere qui voulait aussi dire « serrer » ou « tourmenter », et ce sont ces acceptions qui ont donné le nom de l’objet. De nos jours, on peut toujours dire de celui qui vit des situations extrêmement désagréables qu’il « avale des poires d’angoisse ».
– Citation de Napoléon-Bonaparte le 9 novembre 1799 (correspondant au 18 brumaire du calendrier républicain, qui est par ailleurs le jour de la grenade,…dans ce même calendrier) : « La poire est mûre » avant de faire son coup d’état qui le portera au pouvoir.
– Citation de l’écrivain américain John Fante (1909-1983) : « Elle m’a embrassé sur la bouche. Bandini la poire. Gros baiser tout chaud pour services sur le point d’être rendus. » dans le roman Demande à la poussière (Ask the dust) (1939).