Chaya : La plante chaya est originaire du Mexique (famille des Euphorbiacées – Nom botanique : Cnidoscolus aconitifolius).
Elle est utilisée depuis longtemps par les Mayas de la péninsule du Yucatàn. Le terme « chaya » vient de « chay », le nom maya donné à cette plante. La chaya est également présente dans certaines régions du Honduras et du Guatemala.
Elle a été introduite dans d’autres régions tropicales et subtropicales, notamment l’Inde, le Ghana, Cuba, le sud de la Floride, le sud du Texas, les Antilles et Hawaii.
C’est l’une des espèces de « Chaya » appelée aussi " arbre à épinard " ou " manioc bâtard ". Originaire du Yucatàn et endémique en Amérique centrale, elle a été introduite dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales par la FAO et des ONGs (Organisations Non Gouvernementales) pour combattre la malnutrition. Elle est actuellement présente et consommée dans plusieurs pays africains (Ghana, Nigéria, Zimbabwe) et en Asie (Brunei, Inde, Thaïlande, Philippines et Indonésie).
Liste des sous-espèces : Les espèces de la famille " chaya " se répartissent en deux catégories : celles avec des feuilles possédant des poils piquants et celles dépourvues de poils (les variétés sans poils piquants sont communément appelées chaya mansa, c’est-à-dire cultivées, par opposition au chaya dit ‘ pica ‘ ou ‘ brava ‘ avec les poils en Amérique centrale).
La forme générale des feuilles constitue aussi une distinction utile : Certains chayas possèdent des feuilles peu découpées ressemblant à une feuille d’érable ou de platane (*), tandis que d’autres possèdent des feuilles en 5 lobes très profondément séparés (exemple : la variété Estrella, en forme d’étoile comme l’indique son nom en espagnol).
(*) Platane : Arbre élevé au feuillage épais (famille des Platanacées), à écorce lisse se détachant par plaques irrégulières.
Des discussions entre botanistes existent encore pour la classification taxonomie exacte entre les différents types de chaya. Mais on distingue en général quatre cultivars : ‘Chayamansa’, ‘Estrella’, ‘Picuda’, et ‘Redonda’.
Selon World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) (7 oct. 2011) :
Cnidoscolus aconitifolius subsp. aconitifolius
Cnidoscolus aconitifolius subsp. polyanthus (Pax & K.Hoffm.) Breckon
Synonymes :
Jatropha aconitifolia Mill.
Cnidoscolus chayamansa McVaugh (synonyme à Cnidoscolus aconitifolius subsp. aconitifolius)
Utilisations de la plante chaya :
Historiquement : La consommation de feuilles de chaya en Amérique centrale remonte à l’époque précolombienne (*).
Elle est mentionnée deux fois dans un texte en langue maya du 16e siècle de Chilam Balam (**) de Chumayel.
Des chroniques espagnoles de la même époque décrivent sa consommation par l’aristocratie locale tandis qu’une description de Fray Diego de Landa (***) indique sa popularité parmi les gens du peuple.
Les feuilles et les tiges épaisses constituent la partie généralement consommée. La consommation de fruits, fleurs et racines est également documentée. Comme les feuilles et autres parties de la plante contiennent des hétérosides cyanogéniques qui dégagent de l’acide cyanhydrique (HCN) quand elles sont consommées, sa consommation en légume-feuille cru est très rare et généralement non recommandée.
Parmi les recettes traditionnelles les plus connues, on peut noter des préparations contenant des feuilles cuites avec des œufs au Guatemala, et au Mexique, le dzotobilchay, (littéralement : " pâte de maïs cuite avec de la chaya ") et ses variantes (brazo de reina) du Yucatán et des jus de feuilles de chaya additionné de sucre et de jus d’ananas, jus de citron, jus d’orange et/ou de céleri-branche. Les feuilles séchées sont utilisées en tisanes mais peuvent aussi être saupoudrées sur diverses recettes pour ajouter des qualités visuelles et un supplément nutritionnel.
(*) Une civilisation (ou culture) précolombienne (ou préhispanique, pour les pays hispano-américains) est constituée de peuples de l’Amérique dont l’unité culturelle s’est déterminée avant la découverte européenne de ce continent par Christophe Colomb le 12 octobre 1492.
(**) Les livres de Chilam Balam sont des manuscrits mayas rédigés au Yucatan au cours des deux siècles qui ont suivi la conquête espagnole. Ils sont écrits en yucatèque, mais en caractères latins. Leur nom vient des mots «chilan» qui signifie «prophète, devin» et de «balam» qui signifie «jaguar».
(***) Frère Diego de Landa, ou Fray Diego de Landa Calderón en espagnol, est un moine franciscain, connu pour être le premier et l’un des meilleurs chroniqueurs du monde maya, dont il s’acharna pourtant à détruire les vestiges.
Préparation nécessaire pour une consommation en toute sécurité : L’acide cyanhydrique contenu dans la plante peut être éliminé soit lors du broyage à cru (par exemple broyage prolongé jusqu’à liquéfaction dans un mixer pour la boisson mexicaine) soit lors du séchage (utilisation de poudre de feuilles séchées pour tisanes ou alimentation animale), soit plus communément lors de la cuisson (par exemple cuisson à la vapeur comme pour le dzotobilchay).
Attention : Il est recommandé de faire bouillir les feuilles et pointes de tiges au moins 15 minutes dans de l’eau ou de les faire frire car les faire sauter à la poêle pourrait ne pas suffire à éliminer toutes les substances cyanogènes. Ne pas cuisiner dans des récipients en aluminium car le cyanure d’hydrogène dégagé pourrait se complexer à l’aluminium et former un jus toxique au lieu de se volatiliser. Pour les variétés possédants des poils urticants, ils sont détruits lors de la cuisson ou du broyage.
La chaya est une excellente source de protéines (environ 25%), de calcium, de phosphore, de fer et de vitamine A et vitamine C ainsi que de niacine, de riboflavine et de thiamine (autre nom de la vitamine B1). Le jus de cuisson des feuilles très riche en vitamines et sels minéraux peut être consommé sans danger (car le cyanure d’hydrogène s’est volatilisé).
Cuites, les nouvelles feuilles et tiges succulentes et épaisses de la chaya constituent un légume délicieux, nutritif et non gluant.
Les souches domestiquées, appelées chaya mansa, ainsi que sauvages, chaya brava, sont toutes comestibles. Cependant, les souches sauvages ont des poils urticants très piquants qui irritent la peau. Toute la plante peut être moulue, séchée et donnée comme fourrage aux animaux.
Les Mayas donnent les feuilles de chaya aux poules ; une pâtée pour volailles à base de chaya a été développée au Ghana.
Phytothérapie : En ethno-pharmacie, les feuilles de chaya sont utilisées à des fins thérapeutiques sous trois formes : feuilles cuites ajoutées à l’alimentation habituelle, consommées sous forme de jus de feuilles crues longuement mixées (et généralement mélangées avec des fruits et/ou du céleri-branche) ou sous forme de tisanes de feuilles de chaya séchées.
Ces préparations ont des propriétés hypolipidiques, hypoglycémiques, anti-inflamatoires scientifiquement démontrées, qui justifient leur utilisation traditionnellement pour réguler le diabète ou l’hypercholestérolémie et hypertriglycéridémie et pourraient leur donner des propriétés antiarthritiques intéressantes. Des traitements modernes recommandent de développer l’utilisation de feuilles de chaya comme phytothérapie pour la maladie du foie (effet anti-inflammatoire et hypoglycémique et hypolipidique) mais aussi en cas de maladie rénale chronique car les feuilles contiennent des composés protecteurs des cellules des reins (effet néphroprotecteur en plus de la régulation du diabète et de la pression artérielle).
Quant à l’action antimutagène observée de différentes préparations à base de chaya, elle donne lieu à des recherches de nouveaux traitements anticancéreux.
Enfin, le folklore mexicain qui attribue des propriétés virilisantes (aphrodisiaques) aux boissons de feuilles de chaya broyées additionnées de jus d’ananas, jus de citron, jus d’orange ou de céleri-branche découle probablement du fait que le chaya contient des produits actifs sur les problèmes de circulation sanguine connus en médecine traditionnelle maya et nigériane et vérifiés en laboratoire.
En résumé, la chaya aurait les bienfaits suivants pour la santé :
- Améliore la circulation sanguine
- Aide à la digestion
- Effet anti-inflammatoire et hypoglycémique et hypolipidique pour le foie
- Améliore la vue
- Prévient les varices et les hémorroïdes
- Abaisse le cholestérol
- Aide à réduire le poids
- Prévient la toux
- Augmente le calcium dans les os
- Décongestionne et désinfecte les poumons
- Prévient l’anémie
- Améliore la mémoire et les fonctions cérébrales
- Combat l’arthrite
- Améliore le métabolisme du glucose et prévient le diabète.