Envoyer : v.tr. (mot venant du latin inviare « marcher sur, parcourir », famille de via « chemin, route » : via, voie).
Le verbe « envoyer » a plusieurs acceptions :
I) Envoyer quelqu’un :
1. Faire aller, faire partir (quelqu’un quelque part).
Envoyer un enfant à l’école, chez sa grand-mère, en vacances.
Envoyer un fonctionnaire en province : délocaliser, déplacer, muter.
Envoyer des troupes au front.
Envoyer une délégation auprès, au-devant, à la rencontre de quelqu’un.
Locution : Envoyer quelqu’un dans l’autre monde.
Familier : Envoyer quelqu’un ad patres (mots latins signifiant : « vers les pères, les ancêtres » : le faire mourir, le tuer.
Envoyer des soldats à la mort, en un lieu, dans une situation où ils seront tués.
Envoyer un escroc en prison (jeter).
Envoyer quelqu’un à quelqu’un (pour le rencontrer).
Médecin qui envoie un malade à un confrère.
Envoyez-moi les gens que cela intéresse.
Familier : Envoyer quelqu’un au diable.
2. Faire aller (quelqu’un) quelque part (afin de faire quelque chose).
Envoyer une personne en course, en mission : dépêcher, détacher.
C’est le ciel qui vous envoie !, votre arrivée est providentielle.
Employé comme auxiliaire : Faire aller (quelqu’un) quelque part pour.
Envoyer un enfant faire des courses.
Je l’enverrai chercher du pain.
Envoyez-la prendre de leurs nouvelles.
Sens figuré et familier : Envoyer promener (ou paître, valser, dinguer, bouler, péter, etc.) qqn, le repousser avec brusquerie. (éconduire, rabrouer, familier : rembarrer).
Vulgaire : Envoyer chier, se faire foutre, se faire mettre.
Absolu : Faire aller quelqu’un quelque part pour.
J’ai envoyé chercher un médecin.
Locution : Ne pas l’envoyer dire à quelqu’un : dire soi-même une chose désagréable, ce que l’on pense.
Il ne le lui a pas envoyé dire.
3. Pousser, jeter (qqn quelque part).
Boxeur qui envoie son adversaire au tapis.
Il l’envoya d’un coup de pied au bas de l’escalier, dans les décors (expédier).
Familier : Envoyer quelqu’un sur les roses, lui faire comprendre de façon peu aimable qu’il importune.
Envoyer qqn aux pelotes.
II) Envoyer quelque chose :
1. Faire partir, faire parvenir (quelque chose. à quelqu’un) par l’intermédiaire d’une personne ou par la poste :adresser, expédier, transmettre.
Envoyer un message, un e-mail, une lettre, une carte postale, un colis, un cadeau à qqn.
Courrier envoyé par avion.
« Les secours envoyés par air et par route » (Camus).
Envoyer des excuses, des félicitations, des condoléances. Envoyer sa démission.
2. Faire parvenir (quelque chose) à, jusqu’à (quelqu’un ou quelque chose), par une impulsion matérielle.
Envoyer une balle à un joueur (jeter, 1. lancer).
Renvoyer le ballon qu’on vous envoie.
Envoyer une balle avec la main, avec une raquette.
Envoyer des pierres dans une vitre, des objets à la figure de quelqu’un.
Il m’envoie sa fumée dans la figure, en pleine figure.
Envoyer une gifle, un coup à quelqu’un. ➙ allonger, donner, 2. flanquer.
Envoyer un coup de pied (décocher).
Maritime : Envoyez ! commandement pour hisser les couleurs ou exécuter la manœuvre de virement de bord.
Paré à virer ! Envoyez !
Locution figurée et familière : Envoyer du lourd, du gros, du bois, du pâté, du steak : être puissant, efficace ; par extension : impressionner, susciter l’enthousiasme. Un clip qui envoie du lourd.
« Le free-jazz, ça envoie du bois ! » (Journal du Sud-Ouest, 2012).
Absolu : « Elle est costaud, cette meuf ! Elle envoie ! » (Gavalda) (familier : déchirer).
Adresser à distance (à une personne).
Envoyer des baisers, un sourire.
En auxiliaire (locution familière) : Envoyer valser (valdinguer, etc.) quelque chose : pousser, lancer, renverser violemment.
Envoyer tout promener : abandonner complètement, laisser tomber, renoncer.
3. Sujet chose: Faire aller jusqu’à.
Le soleil nous envoie sa lumière.
Le cœur envoie le sang dans les artères.
III) S’envoyer :
1. Verbe pronominal réciproque : Se faire parvenir l’un à l’autre.
Ils se sont envoyé de longues lettres.
2. Familier : Prendre pour soi (s’enfiler, s’enquiller, se farcir, se taper).
S’envoyer tout le travail, tout le chemin à pied, le faire péniblement, de mauvais gré.
S’envoyer un verre de vin, un bon repas, le boire, le manger.
« Il y aura toujours qqn […] pour s’envoyer de belles tartines de caviar » (Duhamel).
Sens vulgaire : S’envoyer quelqu’un, faire l’amour avec lui (Se faire quelqu’un).
Elle se l’est envoyé.
« Pourquoi cette femme prend-elle des hommes avec elle, sinon pour se les envoyer de temps en temps ? » (Duras).
3. Verbe pronominal réfléchi (locution familière) : S’envoyer en l’air : jouir, éprouver un plaisir intense, notamment le plaisir sexuel (Prendre son pied, être au septième ciel), ou par la drogue (Se défoncer, planer).
Contraire d’envoyer : recevoir.