Refuser : v.tr. (mot venant du latin populaire °refusare, croisement de recusare « refuser » avec refutare « réfuter », de sens voisins).
Le verbe « refuser » a de nombreuses acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Ne pas accorder (ce qui est demandé).
Refuser une permission à un soldat, une augmentation à un employé.
Refuser sa porte à quelqu’un (consigner, défendre, interdire).
Il s’est vu refuser l’accès à la salle.
On ne peut rien lui refuser.
Locution : Il ne se refuse rien ! il dépense beaucoup pour lui-même, il satisfait tous ses caprices (se priver).
Ne pas vouloir reconnaître (une qualité) à quelqu’un (contester, dénier).
– Citation du philosophe, journaliste, essayiste et professeur de philosophie français Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier (1868-1951) : « Hugo n’aimait pas Stendhal ; il lui refusait le style ».
2. Refuser de (et l’infinitif) : ne pas consentir à (faire quelque chose).
Refuser d’obéir, d’obtempérer : se rebeller, se rebiffer, regimber, se révolter.
Elle refuse de reconnaître ses torts.
Il refuse de m’accompagner.
Absolu : Je n’ai pas osé refuser (S’y opposer).
Elle a refusé net.
Choses : La voiture refuse de démarrer.
– Citation de l’écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz et directeur artistique français Boris Vian (1920-1959) :« Refusez d’obéir Refusez de la faire N’allez pas à la guerre Refusez de partir » dans la chanson Le Déserteur.
3. Ne pas accepter (ce qui est offert) (dédaigner).
Refuser la Légion d’honneur.
L’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre (1905-1980) refusa le prix Nobel de littérature le 22 octobre 1964.
Refuser une offre, une invitation (décliner, rejeter, repousser).
Ne pas accepter (ce qui se présente).
Refuser le combat.
Cheval qui refuse l’obstacle et absolu : qui refuse, qui s’arrête devant l’obstacle au lieu de sauter.
Refuser le risque.
– Citation de l’écrivain français Albert Camus (1913-1960) : « Le révolté refuse sa condition mortelle ».
4. Ne pas accepter (ce que l’on considère comme défectueux ou insuffisant).
Refuser une marchandise (Laisser pour compte).
L’éditeur a refusé son manuscrit.
– Citation de l’écrivain français Émile Zola (1840-1902) : « L’étalage des trois mille tableaux refusés [au Salon] ».
Ne pas adhérer à.
Refuser la routine, le racisme (rejeter).
5. Personnes : Ne pas laisser entrer.
– Citation de l’écrivain et journaliste français Roland Dorgelès, nom de plume puis nom officiel de Rolland Maurice Lecavelé (1885-1973) : « Les cafés regorgeaient, les restaurants refusaient du monde ».
Ne pas recevoir dans un groupe.
Ne pas recevoir à un examen.
Refuser un candidat (ajourner, éliminer ; familier : coller, recaler, retoquer).
II) Verbe pronominal : se refuser.
1. Être refusé : Une offre pareille ne se refuse pas (Ce n’est pas de refus).
2. Se refuser à… : ne pas consentir à (faire quelque chose), ne pas admettre.
Se refuser à une solution de facilité (s’interdire).
Se refuser à tout commentaire.
Se refuser à l’évidence (nier, récuser).
– Citation de l’écrivain, romancier, dramaturge, novelliste, diariste et épistolier français Roger Martin du Gard (1881-1958) : « Ses doigts gonflés d’œdème, se refusaient à tout service » (se dérober).
(Suivi de l’infinitif) : Il se refuse à envisager cette solution.
Échapper à la possession de quelqu’un (fuir).
Les sceptiques pensent que la vérité se refuse à l’esprit humain.
3. En parlant d’une femme, refuser de faire l’amour.
III) Verbe intransitif :
1. Technique : Se dit d’un pilotis, d’un pieu qui cesse de s’enfoncer parce qu’il rencontre une résistance trop forte.
2. Maritime : Le vent refuse, change de direction de sorte qu’il se rapproche de l’avant du navire et oblige à modifier la route, commencée au plus près.
Contraires de refuser : accorder, donner, fournir, offrir, reconnaître ; accepter, approuver, consentir (à), accueillir, admettre, recevoir ; adonner.