Précipiter : verbe (mot venant du latin praecipitare, de praeceps, praecipitis « qui tombe la tête (caput) en avant (prae) »).
Le verbe « précipiter » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Jeter ou faire tomber d’un lieu élevé dans un lieu bas ou profond.
Ils ont été précipités dans le vide.
Sens figuré : Faire tomber d’une situation élevée ou avantageuse dans une situation inférieure et mauvaise.
– Citation de l’écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « La crise imprévue et terrible des malheurs où elle m’a précipité » (plonger).
Sens vieilli : anéantir, ruiner.
– Citation de l’écrivain français Montesquieu (1689-1755) : « Les causes générales qui agissent dans chaque monarchie, l’élèvent, la maintiennent ou la précipitent ».
Les anciens Romains précipitaient certains criminels du haut de la roche Tarpéienne (*) (pousser).
(*) La roche Tarpéienne (en latin : saxum Tarpeium ou rupes Tarpeia ou encore le neutre substantivé Tarpeium) est une crête rocheuse située à l’extrémité sud-ouest du Capitole, à Rome. Lieu d’exécution capitale pendant l’Antiquité, c’est de là qu’étaient précipités, jusqu’à la fin de la République romaine, les criminels et en particulier ceux qui se rendaient coupables de faux témoignage et de haute trahison.
2. Chimie : Faire tomber, faire déposer (un corps en solution dans un liquide) par précipitation.
Précipiter une solution en la chauffant.
Absolu : Subir la précipitation.
Mélange qui précipite.
3. Pousser, entraîner avec violence.
Le choc l’a précipité contre le parebrise.
– Citation de l’écrivain français Antoine Blondin (1922-1991) : « Cette aimantation entre deux êtres qui les précipite l’un vers l’autre… ».
4. Par extension : Faire aller plus vite (accélérer, hâter).
Précipiter son départ (avancer, brusquer).
– Citation de l’écrivain français André Gide (1869-1951) : « Il était descendu au plus tôt qu’il avait pu, précipitant sa toilette ».
La crise pétrolière a précipité la ruine de l’entreprise, la chute du dictateur.
Précipiter le mouvement (presser).
Il ne faut rien précipiter : il faut avoir de la patience, laisser évoluer la situation.
II) Verbe pronominal : Se précipiter :
1. Personnes ou choses : Se jeter de haut dans un lieu bas et profond (tomber).
Ruisseau, source qui se précipite du haut d’un rocher en cascade.
– Citation du dramaturge et poète français Pierre Corneille (1606-1684) : « Puis soudain dans le Tibre, il s’est précipité » (se jeter).
Se précipiter par-dessus bord.
2. Chimie : Se déposer par précipitation.
3. Personnes : S’élancer brusquement, impétueusement (foncer, fondre, se lancer, se ruer ; région : se garrocher).
Précipitez-vous sur les places encore libres !
Se précipiter vers la sortie, vers le buffet.
– Citation de l’écrivain et poète français Victor Hugo (1802-1885) : « Elle se leva, courut à la fenêtre, l’ouvrit, et se précipita sur le balcon ».
Se précipiter au-devant de quelqu’un (accourir, courir).
Se précipiter dans les bras, au cou de quelqu’un (se jeter).
Absolu : S’agiter, se dépêcher, s’empresser, se hâter.
Inutile de tant se précipiter !
Sens figuré : Citation de l’écrivain et poète français Victor Hugo (1802-1885) : « Cette jeunesse qui se précipite […] dans les directions de l’art ».
Sens vieilli : Se précipiter de : être très pressé de.
« Vous vous êtes précipitée […] d’aller à Grignan sans votre mari » (Mme de Sévigné).
4. Choses : Prendre un rythme accéléré (s’accélérer).
Les battements de son cœur se précipitaient.
Les évènements se précipitent.
Contraires de précipiter : différer, ralentir, retarder ; attendre.
hâter
accourir
évoluer
brusquer
garrocher