Déchirer : v.tr. (mot venant du francique °skerjan « gratter »).
Le verbe « déchirer » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif :
A. Concret :
1. Séparer brusquement en plusieurs morceaux (un tissu, un papier, etc.) par des tractions opposées, sans instrument tranchant.
Ouvrir un colis en déchirant l’emballage.
Déchirer un chèque et en jeter les morceaux.
Déchirer une lettre, une photo.
Déchirer la page d’un livre (arracher).
Déchirer en deux, en mille morceaux (déchiqueter).
Déchirer un tissu dans le droit fil.
Locution figurée : Déchirer le voile : découvrir la vérité.
Déchirer une affiche, en arracher des lambeaux pour la rendre illisible (lacérer).
Se déchirer un muscle : se rompre les fibres musculaires au cours d’un effort trop brutal (familier : claquer ; déchirure).
Par extension : Elle a été déchirée par un accouchement difficile.
Sujet chose : La balle a déchiré le poumon.
Les barbelés lui ont déchiré le bras (écorcher, égratigner, griffer, labourer, ouvrir).
2. Arracher une partie de, par accident.
Déchirer ses vêtements (accroc).
Tu vas déchirer le canapé !
Veste froissée et déchirée au coude.
Familier : Vous êtes tout déchiré ! votre vêtement est déchiré.
B. Abstrait :
1. Rompre violemment (le silence, l’obscurité) par un son éclatant, une lumière violente.
Sirène qui déchire l’air. (fendre, percer, rompre, trouer).
– Citation du poète et romancier français Francis Jammes (1868 -1938) : « Un coq ridicule déchira le silence […] Il avait un cri furieux » (briser).
Un éclair déchira la nuit.
2. Causer une vive douleur physique à. (arracher, casser).
Toux qui déchire la poitrine.
Sens figuré et familier : Un alcool qui déchire (la tête).
Se déchirer (la tête) : se mettre dans un état second (alcool, drogue).
– Citation de l’écrivain français Olivier Adam (né en 1974) : « Il rentrait à pas d’heures complètement déchiré » (cassé, défoncé, pété).
Ça déchire ! (Ça arrache, ça décoiffe, ça déménage).
3. Sens figurer : Causer un déchirement moral à (quelqu’un) (affliger, attrister, consterner, meurtrir, torturer, tourmenter (Arracher, fendre le cœur).
– Citation de l’écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « Celle que le remords déchire et que la honte écrase ».
– Citation de l’écrivain français Romain Rolland (1866-1944), prix Nobel de littérature en 1915 : « On rêve peu à ceux qu’on a perdus, tant que leur perte nous déchire » (déchirant).
4. Troubler par de tragiques divisions (désunir, diviser, scinder).
La guerre civile a déchiré le pays.
Un pays déchiré par les passions politiques.
L’Église est déchirée par le schisme.
Personnes : Être déchiré : être douloureusement partagé entre deux sentiments contraire (écartelé).
5. Critiquer, attaquer férocement (quelqu’un) pour le détruire (calomnier, diffamer, insulter, outrager).
– Citation de l’écrivain et poète français Victor Hugo (1802-1885) : « Au dehors de l’assemblée, la presse le déchirait [Mirabeau] avec une étrange fureur ».
Locution : Déchirer à belles dents.
Familier : Réprimander avec force.
Se faire déchirer (engueuler).
II) Verbe pronominal : Se déchirer
1. Devenir déchiré, se fendre.
Sa robe s’est déchirée en s’accrochant (déchirure).
Le sac, l’emballage s’est déchiré (crever, se rompre).
Par extension : Citation de l’écrivain français François-René de Chateaubriand (1768-1848) : « La nue se déchire et l’éclair trace un rapide losange de feu ».
Sens figuré : Sentir son cœur se déchirer.
2. Réciproque : Se faire réciproquement du mal, de la peine avec violence et cruauté.
– Citation de l’écrivain français Pierric Bailly (né en 1982) : « C’est leur façon de s’aimer. On se déchire, on se rabiboche » (s’entredéchirer).
Contraires de déchirer : consoler, pacifier, réconcilier.