Mordre : verbe (mot venant du latin mordere).
Le mot « mordre » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Mordre, c’est saisir et serrer avec les dents de manière, à entamer, à retenir, à blesser (croquer, déchiqueter, région. niaquer ; morsure).
Son chien a mordu le facteur.
Mordre quelqu’un à la jambe, jusqu’au sang.
Mordre une pomme à belles dents.
Le coq mord les cuisses des enfants de peur qu’on lui prenne ses poules.
Se mordre la joue, la langue.
Verbe pronom réciproque : Bêtes qui cherchent à se mordre.
Locution : Se mordre les doigts, la langue, les lèvres.
Je m’en mords les doigts : je le regrette.
Après une anesthésie d’une dent on peut se mordre gravement la langue sans s’en apercevoir.
Se mordre la queue.
Mordre la poussière : tomber de tout son long (dans un combat) ; sens figuré : essuyer un échec, une dure défaite.
Par extension : Mordre son crayon (mâchonner, mordiller).
Mordre son mouchoir pour ne pas crier.
2. Absolu : Avoir l’habitude d’attaquer, de blesser avec les dents.
Mettre une muselière à un chien pour l’empêcher de mordre.
Plaisanterie : Vous pouvez approcher, je ne mords pas.
3. Blesser au moyen d’un bec, d’un crochet, d’un suçoir.
Insecte, tortue qui mord.
Être mordu, se faire mordre par un serpent (piquer).
4. Dépasser, empiéter sur (une limite).
Automobiliste qui mord la ligne continue.
Sport : Mordre la ligne, commettre une faute en empiétant sur le tracé d’une ligne réglementaire.
B. Choses :
1. Entamer (attaquer, détruire, ronger).
La lime mord le métal.
Gravure : Mordre, faire mordre une planche, lui faire subir l’action corrosive d’un mordant, après avoir enlevé le vernis à certains endroits au moyen d’une pointe.
S’accrocher, trouver prise.
– Citation de l’écrivain français Théophile Gautier (1811-1872) : « Les clous de leurs fers mordent la surface glissante ».
Absolu : Ancre qui mord.
Pignon qui mord (engrener).
2. Sens figuré : Provoquer une sensation douloureuse sur (quelqu’un, quelque chose) (pincer).
– Citation de l’écrivain et poète français, membre de l’Académie française Maurice Genevoix (1890-1980) : « Le froid mouillé mordait si fort les mains ».
L’inquiétude lui mordait le cœur (dévorer, ronger).
II) Verbe transitif indirect : mordre à
1. Saisir avec les dents une partie d’une chose.
« Il avait fini par mordre au fruit défendu ».
Poisson qui mord à l’appât, et absolu : qui mord, qui se laisse prendre.
Impersonnel : Ça mord ?
– Citation de l’écrivain et auteur dramatique français Jules Renard (1864-1910) : « Ça n’a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion ».
Sens figuré : Il n’a pas mordu à ton histoire (gober).
Mordre à l’appât, à l’hameçon.
2. Sens figuré : Prendre goût à (un travail), s’y mettre, y faire des progrès (mordu).
– Citation de de l’écrivain français Honoré de Balzac (1799-1850) : « Mords-tu ferme aux mathématiques ? ».
III) Verbe intransitif :
A. Mordre dans :
1. Enfoncer les dents dans (croquer).
Mordre dans une pomme.
2. S’enfoncer, pénétrer.
Vis qui mord profondément dans le bois.
B. Mordre sur (une chose et, par extension, une personne)
1. Agir, avoir prise sur, attaquer.
Faire mordre un acide sur le cuivre.
2. Empiéter sur (quelque chose dans l’espace ou dans le temps).
Vacances qui mordent sur le début du mois (déborder).
Mordre sur la marge.
– Citation de l’écrivaine et philosophe française Simone de Beauvoir (1908-1986) : « Un professeur est autorisé à traiter beaucoup plus librement les sujets qui l’intéressent, à mordre sur l’actualité ».