Abattre : verbe (mot venant du latin populaire abattere) :
Le verbe « abattre » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Jeter à bas (ce qui est vertical).
Abattre des quilles avec une boule (renverser).
Sens vieilli ou dans le sport : Abattre l’adversaire, le jeter à terre (tomber).
Abattre un arbre, en le sciant, le coupant à la base.
Abattre un mur, une cloison (démolir), des fortifications (démanteler, raser).
Abattre du minerai, le détacher de la paroi pour le faire choir.
2. Faire tomber en donnant un coup mortel (tuer).
Abattre un cheval blessé.
Chasseur qui abat un oiseau.
Par analogie : Abattre un avion.
Abattre quelqu’un, l’assassiner avec une arme à feu (familier : descendre).
Ils l’ont abattu à bout portant, de trois coups de révolver.
Le terroriste a été abattu (neutraliser, éliminer).
Locution : Un homme, une femme à abattre, à tuer ;
Sens figuré : à vaincre, à éliminer.
3. Rabattre au sol.
La pluie abat la poussière.
Proverbe : Petite pluie abat grand vent.
Sens figuré : il suffit parfois de peu de chose pour apaiser une grande querelle.
4. Abattre de la besogne, du travail, en faire beaucoup ; travailler beaucoup et efficacement.
Abattre de la distance, des kilomètres.
5. Sens figuré : Rendre faible, ôter les forces à.
Cette grosse fièvre l’a abattu : affaiblir, épuiser, fatiguer.
Ôter l’énergie, l’espoir, la joie à : accabler, anéantir, décourager, démonter, démoraliser, déprimer, désespérer.
Cette critique a suffi à l’abattre.
Locution : Ne pas se laisser abattre : rester calme, placide dans une circonstance difficile ; par extension : s’occuper de son plaisir en dépit des difficultés.
6. Sens vieilli ou littéraire : Abattre l’orgueil, le courage (détruire, ruiner).
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ».
B. Mettre à terre, à plat : Coucher (ce qui est debout).
Abattre un cheval, pour le soigner.
Abattre un navire en carène, pour réparer la carène.
Cartes à jouer : Abattre ses cartes, son jeu : déposer ses cartes, en les montrant, avant la fin du jeu (dans la certitude d’avoir gagné) (abaisser, étaler).
Sens figuré : Dévoiler ses desseins et passer à l’action.
II) Maritime (Verbe intransitif) : Gouverner de façon à éloigner l’axe d’un bateau du lit du vent (opposé à lofer) (arriver ; laisser porter).
III) S’abattre sur (Verbe pronominal) :
1. Tomber tout d’un coup : s’affaisser, s’écrouler, s’effondrer.
Le grand mât craqua et s’abattit.
S’abattre comme une masse.
Se laisser tomber (sur).
Elle s’abattit sur son lit.
2. Tomber brutalement, être jeté (sur).
La foudre s’est abattue sur le clocher.
3. Se laisser tomber (sur) en volant (spécialement : pour manger).
– Citation de l’écrivain Alphonse Daudet (1840-1897) : « Des volées de petits moineaux s’abattaient sur cette moisson ».
Aigle qui s’abat sur sa proie (fondre).
Sens figuré : Se jeter sur (pour piller).
– Citation de l’écrivain français Anatole France (1844-1824) : « On verra des nuées de concussionnaires s’abattre sur le trésor public ».
Sens figuré : Le malheur, le découragement s’abattit sur lui (fondre, tomber).