Courir : verbe (mot venant du latin currere, qui a abouti au français courre (fin XIe), remplacé par courir à la fin du XIIIe, mais conservé dans chasse à courre).
Le verbe « courir » a de nombreuses acceptions :
I) Verbe intransitif
1. Aller, se déplacer rapidement par une suite d’élans, en reposant alternativement le corps sur l’une puis l’autre jambe (ou patte) et d’un train plus rapide que la marche (course ; filer, foncer, galoper, trotter ; bondir, s’élancer ; familier : calter, cavaler, droper, pédaler, tracer, tricoter, jouer des flûtes ; avoir le feu au derrière, le diable à ses trousses ; prendre ses jambes à son cou).
Courir à toutes jambes, ventre à terre, tête baissée.
Courir à perdre haleine, comme un dératé, comme un lapin, un zèbre.
Courir à fond de train.
Proverbe : Citation du poète et fabuliste français Jean de la Fontaine (1621-1695) : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » dans la fable Le Lièvre et la Tortue.
Courir pour s’enfuir (détaler ; familier : se carapater).
Courir pour garder la forme (jogger).
Cours le prévenir.
Courir au-devant de quelqu’un.
Courir après quelqu’un, pour le rattraper (poursuivre).
Sens figuré : Le voleur court toujours, court encore, n’a pas été arrêté.
2. Spécialement : Disputer une épreuve de course.
Courir dans une compétition d’athlétisme, dans un marathon.
Faire courir un cheval (engager).
3. Aller vite, sans précisément courir : se démener, se dépêcher, s’empresser, se hâter, se précipiter, se presser.
Ce n’est pas la peine de courir, nous avons le temps.
– Citation du dramaturge et poète français Pierre Corneille (1606-1684) : « Va, cours, vole, et nous venge ».
Faire quelque chose en courant, à la hâte, précipitamment.
Aller rapidement (quelque part) ; atteindre quelque chose le plus vite possible.
Je prends ma voiture et je cours chez vous ; j’y cours (accourir).
Les gens courent à ce spectacle (affluer ; couru).
Courir à sa perte, à la faillite, à l’échec, à la catastrophe.
Sans complément : Se hâter pour aller quelque part.
Ce spectacle fait courir tout Paris (attirer).
Familier : courir après quelqu’un, le rechercher avec assiduité (importuner, presser) (voir ci-dessous II, 6°).
Spécialement : Poursuivre quelqu’un de ses assiduités.
– Citation du poète et écrivain français Alfred de Musset (1810-1857) : «« Une femme est comme votre ombre ; courez après, elle vous fuit ; fuyez-la, elle court après vous ».
Courir après quelque chose.
Courir après les honneurs, un titre, une promotion.
Familier : Les huîtres, je ne cours pas après, je n’aime pas tellement cela.
Semi-auxiliaire, suivi de l’infinitif : Je cours acheter du pain.
Absolu : Il vaut mieux tenir que courir (Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras).
Familier : Tu peux toujours courir !, attendre (se dit d’un souhait qui ne se réalisera pas, ou pour refuser quelque chose) (se brosser, se fouiller).
B. Choses :
1. Se mouvoir avec rapidité.
– Citation du romancier, biographe, conteur et essayiste français André Maurois (1885-1967) : « De grandes ombres noires […] couraient sur les eaux vertes » (glisser).
L’eau qui court (couler, s’écouler ; courant).
Faire courir, laisser courir sa plume sur le papier : écrire au fil de la plume.
2. Navire : Faire route (cingler, filer).
Courir à terre, au large.
Courir largue, vent arrière.
– Citation du navigateur français (Louis Antoine comte de Bougainville (1729-1811) : « Nous courûmes ainsi jusqu’à cinq heures du matin, et alors nous reprîmes notre route […] pour aller reconnaître cette terre ».
3. Être répandu, passer de l’un à l’autre (circuler, se communiquer, se propager, se répandre).
Le bruit court que… : on dit que…
Citation de l’écrivain et marin français Yann Queffélec, de son vrai prénom Jean-Marie Queffélec (né en 1949) : « L’horrible fou dont le bruit courait qu’il s’était échappé d’un asile ».
Faire courir une nouvelle (colporter).
Impersonnel : Il court un bruit sur elle.
4. Suivre son cours, se passer (temps) (continuer, passer).
L’année, le mois qui court (En cours, courant).
Par les temps qui courent : dans la conjoncture actuelle (actuellement).
Spécialement : L’intérêt de cette rente court à partir de tel jour, est compté à partir de ce jour.
Familier : Laisser courir : laisser faire, laisser aller (Laisser tomber, pisser).
– Citation de l’écrivain français Jules Verne (1828-1905) : « Laissons courir, comme vous dites, vous autres marins ».
5. S’étendre, se prolonger au long de quelque chose.
Le chemin court le long de la berge.
Faire courir une plante sur un mur, la laisser se développer.
– Citation de l’écrivain et critique d’arts français Octave Mirbeau (1848-1917) : « Des jardiniers faisaient courir des clématites sur de fines armatures de bambous ».
II) Verbe transitif :
1. Poursuivre à la course, chercher à attraper.
Chasse : Courir le cerf, le sanglier (chasse à courre).
Sens figuré : Courir deux lièvres à la fois : Se lancer dans plusieurs activités ou plusieurs projets à la fois au risque de n’en finir aucun.
2. Sport : Participer à (une épreuve de course) (disputer).
Courir le cent mètres.
Courir une régate.
Ce cheval a couru le grand prix.
Verbe pronominal : Le tiercé se court aujourd’hui à Enghien.
Absolu : Il court en Formule 1.
3. Rechercher avec ardeur, empressement (chercher, poursuivre, rechercher).
Courir les honneurs.
Courir le cachet.
4. Aller au devant de, s’exposer à.
Courir les aventures.
Courir un danger, y être exposé.
Courir le risque de.
C’est un risque à courir.
Courir sa chance (essayer, tenter).
5. Parcourir, sillonner.
Courir la ville, les rues.
Courir les bois, la campagne (battre).
Courir le monde (voyager ; globe-trotteur).
Locution figurée : Courir les rues : être répandu, banal, commun.
– Citation du dialoguiste Michel Audiard (1920-1985) « Ça court les rues, les grands cons », dans le film « Le cave se rebiffe ».
6. Fréquenter assidûment (hanter).
Courir les magasins (faire).
Courir les antichambres.
Courir les filles, (sens vieilli) la gueuse ; courir le jupon, (sens vieilli) le cotillon (coureur).
Absolu : Son mari a tendance à courir.
Familier : courailler ; coureur.
Sens vieilli : Courir le guilledou, la prétentaine, familier et régional: la galipote.
7. Familier : Il commence à me courir, celui-là !
Il commence à me courir (sur le haricot, sur le système), à m’énerver.
– Citation de l’écrivain français Léo Malet (1909-1996) : « Manifestement, cette conversation commençait à lui courir sur l’haricot ».