
Morelle noire : La morelle noire est une plante herbacée de la famille des Solanacées (Nom botanique : Solanum nigrum), appartenant à l’important genre Solanum, qui contient notamment la pomme de terre, l’aubergine et la tomate.
Dénominations de la morelle noire : Le nom du genre Solanum viendrait du latin sol, soleil, peut-être en raison de la forme de la fleur ou bien du verbe solari (je console), allusion aux propriétés narcotiques de nombreuses espèces du genre ou à leurs feuilles émollientes. Quant au nom de l’espèce, il est clair (…), nigrum, noir est la couleur du fruit.
La morelle noire a aussi beaucoup de noms vernaculaires : Amourette, Tomate du diable, Herbe aux magiciens qui font allusion à son usage en sorcellerie ; Crève-Chien, Tue chien, Raisin de loup qui renvoient à ses propriétés toxiques ; Herbe à gale à ses propriétés médicinales ; Myrtille de jardin sans doute en raison de ses baies qui ressemblent à celles de la myrtille ; Herbe maure, Morette, Mourelle.
La morelle noire se dit en allemand Schwarzer Nachtschatten, en anglais, European Black nightshade (par opposition à Solanum americanum ‘American Black nightshade ‘), common nightshade, garden nightshade, wonderberry ou plus rarement garden huckleberry ou sunberry ; Zwarte nachtschade en néerlandais.
En Grèce et en Turquie, les feuilles sont nommées Istifno, tandis que la Crète utilise plutôt le nom Stifno.
En Inde elle peut porter le nom de Makoï (ou Makoy) ou de Kakmachi.
Elle peut également se trouver sous les noms de Nastergal en afrikaans, Umsobo en zoulou, Mnafu ou Mnamvu en kiswahili, Rinagu (au singulier) ou Amanagu (au pluriel) en Gusii, Manakw en swahili et Kwaansusuaa au Ghana.
À Madagascar et à La Réunion, il est possible de la trouver sur les étals sous le nom de brède Morelle, brède Martin, brède Bleue ou Anamamy. Les brèdes désignent un ensemble très divers de légumes-feuilles comestibles qui sont cuisinées avant d’être consommées dans les pays tropicaux.
Caractéristiques : La morelle noire est une plante annuelle hermaphrodite et entomogame, aux formes très variables, mais généralement assez basse (moins de 60 cm). Ses tiges sont le plus souvent glabres, vertes à noirâtres, à rameaux dressés ou étalés. Ses feuilles sont ovales à lancéolées, entières ou légèrement lobées. En France, elle fleurit de juin à début décembre et parfois plus tard en hiver. Il n’est pas rare de voir sur la même plante, les fleurs et les fruits à différents stades de maturité. L’inflorescence est une cyme unipare scorpioïde de cinq à dix fleurs, à corolle blanche (environ 1 cm), à pétales souvent réfléchis, et étamines jaunes saillantes. Le fruit est une baie globuleuse de 6 à 8mm, noire à maturité, contenant de nombreuses graines disséminées par endozoochorie.
Taxonomie : La morelle noire est une plante de la famille des Solanacées, appartenant à l’important genre Solanum.
Cette espèce est proche de Solanum villosum, qui a des baies oranges, ainsi que d’autres morelles aux baies noires comme Solanum americanum, Solanum retroflexum, Solanum ptychanthum, Solanum douglasii, Solanum scabrum classées parfois comme une sous-espèce de Solanum nigrum, notamment dans les ouvrages anciens. Cette similitude des caractéristiques à donné lieu au nom de Solanum Nigrum Complex. Une étude ploïdique permet une différenciation formelle de l’espèce.
Écologie : Cette espèce commensale des cultures a une distribution cosmopolite. La Morelle noire est considérée en Europe comme une adventice. Elle pousse dans les cultures maraîchères, les platebandes de fleurs, les cultures sarclées, les jardins. Elle aime les sols riches en nitrates et bien arrosés. En ville, on la trouve au pied des murs, des arbres, dans les haies et sous les plantations horticoles. Elle prospère jusqu’à 1500 m d’altitude. Son origine exacte est inconnue. Ce serait sans doute une eurasienne.
Propriétés : Comme beaucoup de Solanacées (telles que la pomme de terre, l’aubergine et la tomate), la morelle noire est une plante contenant des glycoalcaloïdes toxiques, en particulier de la solanine, généralement accompagnés de saponosides. Ces substances toxiques sont présentes dans les feuilles dont la consommation de grandes quantités sur de longues périodes peuvent se révéler nocives. Cette substance est présente également dans les baies vertes qui auraient, comme le feuillage, empoisonné le bétail. Cette toxicité disparaît dans les fruits mûrs, à la différence de ceux de la morelle douce-amère et morelle de Linné, ou d’autres plantes de la même famille, comme la belladone, dont l’ingestion provoque des troubles digestifs, nerveux, respiratoires et cardiaques, parfois mortels.
Pour la morelle noire, les feuilles cuites et les baies mûres, sucrées mais insipides, semblent donc inoffensives.
En 1998, les méthodes de cuisson couramment utilisées pour les pommes de terre (Solanum tuberosum) ont montré que la cuisson faisait varier la teneur en solanine. Les cuissons par ébullition, par friture ou par micro-onde ont un effet variable sur les glycoalcaloïdes.
Par exemple faire bouillir les pommes de terre réduit la teneur en α-chaconine et α-solanine de 1,2 % à 3,5 % tandis que la diminution via micro-onde est de 15 %. La friture à 150 °C n’apporte pas de changement mesurable. Un changement significatif débute à 170 °C et à partir de 10 minutes à une température de 210 °C il est possible de noter une baisse de 40 %8.
On considère qu’une plante est comestible lorsque sa teneur moyenne en glycoalcaloïdes n’excède pas 20 à 25 mg/100 g.
Emplois culinaires de la morelle noire : Le fruit, une fois complètement mûr et noir, devient comestible. Dans la culture méditerranéenne, on confit les fruits dans le vinaigre pour s’en servir comme condiment à la façon des câpres.
Les feuilles et les baies mûres de la plante ont un usage alimentaire dans plus d’une douzaine de pays. Les feuilles sont cultivées à grande échelle en Afrique subsaharienne dans les petites exploitations et les jardins potagers en périphérie des villes.
Les feuilles sont utilisées en légumes comme des épinards en Australie, Inde, Cameroun, Éthiopie, Nigeria, Somalie, Tanzanie, Ouganda, Madagascar, à La Réunion, en Amérique du Sud, ainsi qu’en Crète et en Grèce.
En Grèce, elles peuvent constituer un des 80 légumes des Χόρτα (Horta), salades de légumes cuits, abondamment arrosées d’huile d’olive, assaisonnées avec du jus de citron et servies tièdes ou froides avec de la feta.
Au Nigéria et au Cameroun, les feuilles sont parfois préférées à d’autres légumes. Les inflorescences et les baies sont enlevées. Elles sont cuites ou bouillies. En général, elles sont bouillies dans plusieurs eaux qui sont jetées à chaque fois. Dans le sud-ouest du Nigeria, les fleurs sont ensuite utilisées comme condiment pour relever la soupe, ces fleurs ayant un goût très amer.
Dans l’ouest du Kenya, les feuilles de Solanum nigrum L stricto sensu sont utilisées comme substitut à la viande. Elles sont cuites dans du lait. On presse le produit de cette cuisson et on le laisse sécher quelques jours jusqu’à ce qu’il devienne solide et prenne une couleur noirâtre. On en coupe des tranches réputées riches en protéines que l’on sert avec du manioc accompagné de légumes frais. Cette cuisson dans du lait que l’on expulse ensuite doit faire disparaitre les principes toxiques. Pour évacuer ces principes toxiques, une autre méthode est utilisée au Malawi (Sud de l’Afrique) on ajoute de la potasse ou du bicarbonate de soude, de la pâte d’arachide et du sel à l’eau dans laquelle on fait bouillir les feuilles de Morelle noire. La potasse est obtenue en filtrant les cendres de plants d’amarantes ou de haricots.
En Afrique du Sud, le fruit très mûr et sélectionné à la main (nastergal en afrikaans et umsobo en zoulou) est cuit dans une belle confiture violette assez liquide.
En Éthiopie, les fruits et les feuilles sont consommées en période de famine. Les baies sont rassemblées et aimées par les enfants dans des temps normaux tandis que pendant des périodes de pénurie alimentaire tous les gens affectés mangeraient des baies. En plus des baies, les femmes et les enfants rassembleront les feuilles qui sont cuisinées dans l’eau salée et consommées comme un autre légume. Cependant les feuilles ont un goût amer, par conséquent, les populations arrêtent de les consommer quand d’autres produits alimentaires deviennent disponibles et les récoltes se préparent. Les fermiers Konsos ont rapporté que la plante mûrit avant le maïs et par conséquent elle est consommée d’ici à ce que le maïs soit récolté. Si les feuilles de Solanum nigrum sont consommées régulièrement et plusieurs fois une semaine, ils peuvent développer un mal de ventre. Le mal de ventre est causé par la solanine.
En Côte d’Ivoire, les feuilles sont consommées à la façon des épinards.
À Madagascar et à La Réunion les feuilles avec pétioles et les extrémités sont consommées comme brèdes (légume) sous les noms d’anamamy (brèdes Morelle) et anamafaitra (brèdes Martin).
Dans les pays anglo-saxons il est possible de trouver des recettes de tarte, de confiture, de sirop ou de glace confectionnée à partir des baies mûres de la morelle noire. Le fruit vert étant considéré comme toxique du fait de sa teneur encore élevé en solanine.