Être (verbe) : v. aux. (mot venant du latin populaire essere, de esse).
Certaines formes (participe passé, participe présent) ont été empruntées à l’ancien verbe ester, aujourd’hui terme juridique (ester), de stare « se tenir debout »
Le verbe « être » a de très nombreuses acceptions :
I) Emploi absolu ou impersonnel
1. Avoir une réalité (exister).
Personnes : Être ou ne pas être :
– Citation de l’écrivain anglais William Shakespeare (1564-1616) : To be or not to be dans la pièce Hamlet (Être où ne pas être).
– Citation du mathématicien, physicien et philosophe français René Descartes (1596-1650) : Cogito ergo sum (Je pense donc je suis).
– Citation de l’écrivain français Paul Valéry (1871-1945) : « Dans tous les cas possibles, être, vous l’avouerez, demeure étrange. Être d’une certaine façon, c’est encore plus étrange ».
Manière d’être, vivre.
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Qui sait si nous serons demain ? ».
Il n’est plus : il est mort.
– Citation de l’écrivain français André Gide (1869-1951) : « Depuis qu’elle n’est plus, je n’ai fait que semblant de vivre ».
Choses : Disposition de la Bible « Que la lumière soit ! Et la lumière fut ».
Ne changeons pas ce qui est.
– Citation de l’écrivain français André Gide (1869-1951) : « Rien ne sert de récriminer, ni de regretter même. Ce qui n’est pas, c’est ce qui ne pouvait pas être ».
– Citation de de l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre (1905-1980) : « Seules les choses sont : elles n’ont que des dehors. Les consciences ne sont pas : elles se font ».
Ce temps n’est plus.
Cela sera ainsi ou ne sera pas.
Cela peut être (peut-être, possible).
Cela étant…
Ainsi soit-il.
Au subjonctif : Soit un triangle ABC, soient trois points en ligne droite, supposons, étant donné (soit).
Locution : La raison d’être de quelqu’un, de quelque chose.
2. Impersonnel (surtout littéraire) il est, est-il, il n’est pas… : il y a, y a-t-il, etc.(avoir, exister).
Il était une fois…
Il est des gens que la vérité effraie.
Est-il quelqu’un parmi vous qui veuille répondre ?
Il n’est rien d’aussi beau (rencontrer, trouver, voir).
– Citation du poète français Charles Baudelaire (1821-1867) : « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants ».
Toujours est-il que.
Littérature : Il n’est que de : le mieux est de ; il n’y a qu’à, il suffit de.
– Citation de l’écrivain français Paul-Louis Courier de Méré (1772-1825) : « Il n’est que de s’entendre ; cet homme-là et moi sommes quasi d’accord ».
il n’est… que de…
– Citation du poète français de la fin du Moyen Âge François de Montcorbier dit Villon (1431-après 1463) : « Il n’est bon bec que de Paris » (c’est à Paris qu’on mange le mieux).
S’il en est.
Un escroc s’il en est, s’il en fut : un parfait escroc.
3. Moment dans le temps :
Quelle heure est-il ?
Il est midi.
Il est tôt, tard.
Il est temps de partir.
Poésie : Il est jour (faire).
II Verbe (copule), reliant l’attribut au sujet
1. Qualification : La Terre est ronde.
Il est toujours jeune (rester).
Soyez poli
Vous êtes bien avancé, maintenant (voilà).
Ils sont treize à table.
Belle comme elle est.
Si compétent soit-il, il n’est pas pédagogue.
On est comme on est : tautologie soulignant un comportement inéluctable.
– Citation du dramaturge et comédien français Molière (1622-1673) : « Je prends tout doucement les hommes comme ils sont ».
2. Inclusion, appartenance :
Le chêne est un arbre.
Ce bijou est une bague.
Le vol est un délit (constituer).
Être témoin.
Elle est médecin.
– Citation de l’écrivain français Montesquieu (1689-1755) : « Comment peut-on être Persan ? ».
3. Identité : Le médium est le doigt du milieu.
Locution proverbiale : Un sou est un sou
Qui êtes-vous ?
Si j’étais vous, je le ferais, à votre place.
Être soi-même : être tel qu’on a toujours été, ou tel qu’on est naturellement.
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Je ne vous connais [reconnais] plus : vous n’êtes plus vous-même ».
4. Goûts, préférences (familier) : Être (et nom) : être amateur de, apprécier.
Êtes-vous slip ou caleçon ?
– Citation de l’écrivain français Philippe Djian (né 1949) : « Je ne suis pas très bain, de toute manière. Je ne déteste pas, mais seulement de temps à autre ».
5. Être (quelque chose, rien) pour (quelqu’un).
Il est tout pour elle.
Il n’est rien pour moi, il ne m’est rien : il ne m’est lié ni par la parenté, ni par l’affection (représenter).
III) Suivi d’une préposition ou d’un adverbe, d’une locution adverbiale :
1. État : Être bien, être mal, relativement au confort, à la santé (aller, se porter, se sentir).
Comment êtes-vous ce matin ?
Je ne suis pas bien (se sentir).
Être bien dans sa peau.
Être d’attaque.
2 Lieu : Se trouver (quelque part).
J’y suis, j’y reste.
Je suis à l’hôtel de la gare (demeurer, loger).
Être chez soi.
Je n’y suis pour personne.
Ils sont en Italie.
La voiture est au garage.
Les clés sont sur la porte.
– Citation du dramaturge et poète français Pierre Corneille (1606-1684) : « Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis ».
Sens figuré : Être à côté de la vérité.
Être au-dessus des calomnies.
Être à ce qu’on fait, avoir l’esprit à ce que l’on fait.
Locution : Être ailleurs.
Y être : comprendre. Ah ! j’y suis ! Vous n’y êtes pas du tout, mon pauvre ami (deviner).
3. Au passé, avec un complément de lieu, un infinitif (aller).
J’ai été à Rome l’an dernier, j’y suis allé.
Nous avons été l’accompagner.
Littérature : Citation de l’ écrivain et botaniste français Jacques Bernardin Henri de Saint-Pierre, ou plus communément Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) : « Lorsque j’appris que ma voisine avait une compagne, je fus la voir ».
– Citation du poète et romancier français Louis Aragon (1897-1882) : « Il s’en fut doucement à pied au cercle ».
4. Temps : Se trouver.
Nous sommes au mois de mars, en mars, le 2 mars.
On est au début du printemps.
Quel jour sommes-nous ?
– Citation du journaliste et écrivain français Jacques Drillon (1954-2021) : « Nous sommes dimanche, et tout est ralenti, désert, gagné par la mollesse ».
5. Avec certaines prépositions :
Être à. (Possession) (appartenir).
Ce livre est à moi.
Cette femme est à moi.
Proverbe : Il faut rendre à César ce qui est à César : Reconnaître la responsabilité d’un acte ou la propriété d’un bien à une personne.
Sens figuré : Je suis à vous dans un instant, à votre disposition.
Occupation : Être à son travail, être à travailler, occupé à, en train de.
Elle est toujours à se plaindre.
Évolution : Le temps est à la pluie (tourner).
La tendance est à la hausse.
Devant un infinitif (but, nécessité) : devoir.
Cette maison est à vendre.
C’est à prendre ou à laisser !
Tout est à refaire.
Si c’était à refaire !
Être de… (provenance) Être de Normandie, né en Normandie.
Je ne suis pas d’ici.
Cet enfant est de lui.
Cette comédie est du dramaturge et comédien français Molière (1622-1673).
Familier : C’est de famille.
Participation : Faire partie, participer.
Vous êtes du nombre, des nôtres, de la famille.
Être de la fête.
Être de la partie, du métier.
Être de ceux qui.
Caractère : Il est d’une générosité sans égale.
Comme si de rien n’était.
En être : faire partie de.
En être : en être signifie » faire partie de la communauté homosexuelle, être homosexuel « .
Nous organisons une réception, en serez-vous ?
En être à la moitié du chemin : avoir parcouru la moitié du chemin.
Il en est à son troisième whisky.
Nous n’en sommes pas là.
Sens figuré : J’en étais là de mes déductions.
Où en êtes-vous dans vos recherches ?
Ne plus savoir où l’on en est : perdre la tête, s’affoler.
En être pour sa peine, son argent : avoir perdu sa peine, son argent.
Familier : En être de sa poche.
Être en (manière d’être).
Être en pantalon, en chaussons (porter).
Être en blanc.
Être en forme.
Être en (état d’) alerte.
Être en vie.
Être pour, contre quelque chose : être partisan, adversaire de quelque chose.
Être pour une politique indépendante.
Sans complément : Je suis pour et il est contre.
Être pour quelque chose, dans : être en partie responsable de.
Vous avez été pour beaucoup dans sa décision.
Je n’y suis pour rien.
Région et devant un infinitif, avec une valeur de futur proche
Nous sommes pour partir : nous allons partir.
– Citation de la dramaturge, une romancière, comédienne et une metteure en scène québécoise Marie Laberge (née en 1944) : « Elle n’était quand même pas pour le lire [le travail] ! elle l’écarta en le lançant sur la pile ».
Être sans : n’avoir pas.
Nous sommes sans nouvelles de lui.
Être sans abri.
Être sans le sou.
Devant un infinitif, à la forme négative
N’être pas sans savoir qqch., ne pas l’ignorer. Vous n’êtes pas sans avoir entendu dire que : vous avez probablement entendu dire que.
Être dans.
Être dans les affaires, dans la finance, dans le prêt-à-porter (travailler -dans-).
IV) C’est, ce sera, c’était…
1. Présentant une personne, une chose ; rappelant ce dont il a été question.
C’est une personne aimable.
C’est ma sœur.
C’étaient (familier c’était) nos voisins.
C’est huit heures qui sonnent (toujours au singulier).
Debout, c’est l’heure !
Ce sont (familier c’est) des cèpes ; je suis sûr que c’en est.
Ce sera très facile.
Qui est-ce, ou familier : qui c’est ? c’est qui ? Qu’est-ce ? Qu’est-ce que c’est ? Ce n’est rien.
2. Annonçant ce qui suit (cette tournure permettant de mettre en relief un élément de la phrase).
C’est moi qui vous le dis.
C’est à vous d’agir.
Est-ce difficile de le convaincre ?
Ce n’est pas qu’il soit méchant, mais il est têtu.
si ce n’était… et elliptique : n’était.
Si ce n’était, n’était l’amitié que j’ai pour vous, je vous dénoncerais, s’il n’y avait (sans).
– Citation du poète français Charles Baudelaire (1821-1867) : « Si ce n’eût été la crainte de l’humilier […] je serais volontiers tombé aux pieds de ce joueur généreux ».
Fût-ce ; serait-ce.
Je ne peux rien vous promettre, fût-ce pour vous faire plaisir (même).
Entrez, ne serait-ce que quelques instants.
Ce que c’est que de.
Voilà ce que c’est (que) de mentir, ce qui arrive quand on ment, quelles sont les conséquences.
C’est-à-dire (c’est-à-dire).
C’est à qui, pour exprimer l’empressement de plusieurs personnes, leur compétition.
C’est à qui parlera le plus fort.
Est-ce que ? formule interrogative qui s’emploie concurremment avec l’inversion du sujet.
Venez-vous ? Est-ce que vous venez ?
– Citation du dramaturge, poète, essayiste et diplomate français, membre de l’Académie française Paul Claudel (1868-1955).« Est-ce que je doute de vous, Violaine ? est-ce que je ne vous aime pas, Violaine ? Est-ce que je ne suis pas sûr de vous, Violaine ? ».
Familier (après un adverbe, un pronom interrogatif) : Quand est-ce qu’il vient ?
Comment est-ce que tu vas faire ?
Qu’est-ce qui se passe ?
N’est-ce pas ? formule par laquelle on requiert l’adhésion d’un auditeur.
Vous êtes de mon avis, n’est-ce pas ? (familier: non, pas.)
N’est-ce pas que j’ai raison ?
V) Verbe auxiliaire servant à former :
1. La forme passive des verbes transitifs : Elle est aimée.
Je suis accompagnée.
Vous avez été critiqués.
2. Les temps composés de certains verbes intransitifs : Elle était tombée.
Nous étions partis.
Il est devenu sourd.
Que fussé-je /fussè-je/ devenu sans toi ?
3. Les temps composés de tous les verbes pronominaux ou actifs à la forme pronominale.
Elle s’est coiffée.
Ils se sont aimés.
Elle s’est crue à l’abri.
Remarque : Le participe passé reste invariable :
– Si l’objet direct n’est pas le pronom réfléchi : ils se sont trouvé des prétextes pour partir ; mais : ils se sont trouvés ensemble à la réunion.
– S’il est suivi d’un infinitif ayant un sujet autre que celui du verbe : elle s’est laissé insulter ; mais : elle s’est laissée aller /s’est laissé aller/.
– Si le verbe ne peut avoir de complément d’objet direct : ils se sont convenu, nui, parlé, souri, succédé ; ils se sont plu dans cet endroit.